jeudi 13 septembre 2012

La Gauche de l’extrême droite




Suite à l’élection de Barack Obama à la présidence américaine, une fronde a surgi au sein du Parti républicain (le parti politique de droite aux États-Unis).  Nommé le « Tea Party » (vous en aurez peut-être entendu parler), ce mouvement est arrivé à radicaliser le programme des Républicains.  Il est connu pour trois principes : un refus absolu de compromis avec les Démocrates (l'autre parti majeur, centre gauche), une haine des taxes et une conviction inébranlable que tous les maux viennent du gouvernement fédéral, ce dernier toujours prêt à prendre la liberté aux citoyens.

Le Tea Party a souvent été comparé avec le Front National.  Or c’est vrai que les deux mouvements ont adopté une ligne dure sur l’immigration.  Les deux se sont approprié le titre « antisystème ».  Mais à partir de ces deux points communs indéniables il n’y a plus de ressemblance.

Car sur le plan social le FN serait considéré comme la gauche de la gauche aux États-Unis.  Le FN propose une TVA majorée pour les produits de luxe et la création d'un impôt progressif unique sur le patrimoine.  De telles propositions feraient hurler le Tea Party, hostile à toute hausse d’impôts. (En revanche, le Tea Party serait tout à fait d’accord avec la proposition mariniste de ramener le déficit public à zéro.)  Le FN demande le gel de la libéralisation et privatisation des services publics, donc il s’oppose au Tea Party, qui, lui, en a fait la mesure phare de son programme.

On pourrait multiplier les exemples, mais c’est une évidence que nos deux mouvements protestataires droitiers ont des similitudes, mais aussi des différences importantes. En fait le Tea Party et le FN ne sont pas faits pour s’entendre.  Le Tea Party croit en l’exception américaine (l’individualisme à tout va) et le Front National n’est pas prêt à lâcher les prestations sociales à la française.  Une chose est sûre : les ouvriers blancs qui forment la base du Tea Party ne maîtrisent pas le français et la classe ouvrière qui forme la base du FN ne comprend rien au libéralisme à l’anglo-saxonne.

1 commentaire:

  1. Bonsoir,

    je viens découvrir avec plaisir vôtre blog par rapport à plusieurs de vos commentaire sur un article du Figaro "Les français vont très mal selon le New York Times" qui m'avait fait bondir tellement il était remplit de lieux communs et de vision hégémonique atlantiste.

    Quel plaisir donc de découvrir votre blog et votre opinion comparé entre la France et les Etats-Unis sur de multiples sujets.
    Ancien étudiant en histoire j'ai toujours été fasciné par les relations franco-anglaise (puis américaine), se mélange d'amour haine, d'échanges et d'oppositions réciproques, de statut meilleur ennemi. Le tout datant de l'empire Plantagenêt pour trouver un encore un écho folklorique et bon enfant dans les oppositions en rugby.

    Pour revenir au sujet de votre article, il me paraissait important de souligner une différence majeure entre l'extrème droite française (et même européenne) et extrème droite américaine. C'est la place de l'Etat dans la société.

    L'extrème droite américaine a finalement un positionnement très individualiste du citoyen contre le système avec un Etat perçu comme mauvais accapareur et technocrate. (voir les "Dirty Harry" ou les "Death Wish" considérés comme des films fascistes par l'extrème gauche à leurs sortie en France. Je pourrai rajouter "The Wild Bunch" qui reçu le même traitement comme film faisant l'apologie de la violence).

    Pour l'extrème droite française l'Etat à un rôle central, il est l'organe nationaliste. Et l'homme fort providentiel est censé renverser la classe bourgeoise technocrate spoliant le peuple/nation. C'est un héritage complexe des idées rousseauistes d'intérêt et de volonté général, couplé à la figure de Napoléon Bonaparte, incarnant le césarisme démocratique. Lien mystique entre le dirigeant le peuple se passant des corps intermédiaires et dialoguant par la voie du plébiscite.
    Napoléon III en fera un système, et après la parenthèse III et IV République, De Gaulle en fera la base de la Ve République (le Référendum remplaçant le plébiscite).

    Je vous conseil si le sujet vous intéresse deux lectures. "La Droite en France" de René Rémond. Et surtout la trilogie de Zeev Sternhell, historien israélien mais qui écrit en français "Maurice Barrès", "Les droites révolutionnaires", "Ni droite ni gauche, l'idéologie fasciste en France"; où l'écrivain soutient la thèse que l'extrème droite et le fascisme tel qu'ils ont étés connu en Europe au XXe sont une invention purement française.

    Bien à vous

    Un futur lecteur assidu.

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