Ce blog ne traite pas des relations diplomatiques et militaires entre
les États-Unis et la France. Il y a bien d’autres écrivains beaucoup mieux
placés que moi pour vous en parler. Dans mes articles il s’agit plutôt
d’une relation qui ne dit pas son nom, c’est-à-dire, quels sont les
changements sociaux et économiques vécus et aux USA et en France, le plus
souvent à l’insu du Français et Américain moyens ?
Par exemple, s’agissant du chômage en masse, le monde entier a été touché par la crise de 2007, bien sûr. Ni les États-Unis ni
la France ne s’en sont sortis, paraît-il. Selon les chiffres, la
France est en pleine récession alors que les USA semblent avoir tiré
leur épingle du jeu avec un taux de chômage de seulement ( ! ) 8 %. La
vérité est pourtant un peu plus compliquée. Dans un premier temps, ce
sont les Américains les plus aisés qui ont le plus bénéficié de la
manne économique. La classe moyenne (la chouchoute de la
classe politique, au moins dans les discours de campagne) a été dévastée
par le chômage à long terme et la précarité qui en est la conséquence. Le secteur manufacturier
est disparu. Ce qui reste sont des postes dans la grande distribution
aux salaires dérisoires par rapport à ce que la fameuse classe
« moyenne
» gagnait autrefois. Les Américains ont beau chercher de l’abri dans
la fonction publique - cette dernière est la victime progressive de
l’étranglement budgétaire.
Voilà un portrait que vous devriez reconnaître.
En tout état de cause, s’il existe des similitudes entre vous et nous,
on se doit aussi de reconnaître nos grandes différences. En matière de
chômage, vous avez vos fameuses charges sociales et un taux de fiscalité
qui nous font froid dans le dos - sauf qu’en Allemagne le coût de
travail est au moins au niveau du vôtre. Aux USA il faut signaler que nous baissons les
taxes à tout va sans pour autant parvenir à faire revenir nos usines.
C’est
donc clair que nos différences et similitudes sont intimement liées et
ce n’est pas toujours réconfortant d’en faire l’analyse.
Je reste convaincu
que de tous les pays du monde, y compris la Grande Bretagne, l’exemple
de la France offre les leçons les plus valables pour nous sur le plan
social et économique. Evidemment, si j’écris en français, je dois croire que les USA offrent, eux aussi, des points d’intérêt pour vous (permettez-moi de saluer d'avance votre esprit d’ouverture).
Les
Américains se divisent en deux camps : la
majorité, convaincue de la supériorité du modèle libéral, méprise
la France et l’État-providence. La minorité, diplômée et résidant dans
les villes de la côte Est ou Ouest, idéalise la France. Mais les
bobos (version américaine) qui aiment la douce France ne tiennent
pas compte des changements qui bouleversent votre pays (et sont
contents d’ignorer les problèmes de l’Amérique profonde). Est-ce que
les bobos de votre pays prennent conscience des souffrances des couches
populaires
qui, se trouvant précarisées, marginalisées, recourent de plus en plus
au
populisme ?
Toujours des comparaisons à faire...