dimanche 21 octobre 2012

La Langue de Shakespeare, première partie

Bien que j’écoute la radio française tous les jours en podcast, je ne suis pas bien placé pour juger de la qualité de la langue parlée.  Si l’animateur ou l’invité de l’émission commet une faute, c’est fort probable qu’elle m’échappe.  Il y aura toujours des subtilités de la langue française auxquelles je ne pourrai jamais être sensible.

Pourtant, j’ai remarqué que les Français semblent capables de parler longuement sans trébucher sur les mots, presque sans égard pour l’origine sociale de la personne.  En tant qu’Américain, je m’émerveille de cette habilité.

Bien sûr, le niveau d’éducation compte beaucoup et la maîtrise d’une langue à l’oral en dépend, forcément.  Mais une chose qui ne cesse de m’ébahir, c’est la mauvaise qualité d’expression orale même chez mes compatriotes issus des milieux les plus favorisés.  Qu’il s’agisse d’une personnalité politique bien connue, un chroniqueur ou un économiste s’exprimant à la radio ou à la télé, les fautes d’usage et de grammaire souvent rendent l’entretien difficile à l’oreille.

Je me demande comment on en est arrivé là.  La réponse est en réalité assez simple.  On apprend à nos enfants à écrire (quelquefois avec succès), mais à l’école on a laissé de côté la pratique de la langue orale.  Il n’y a plus d’emphase sur cet élément important du développement personnel.  J’estime que la langue anglo-américaine en souffre énormément.

vendredi 5 octobre 2012

L'Aveuglement national

C’est une évidence que tous les pays, qu’ils soient démocratiques ou pas, souffrent de l’aveuglement en ce qui concerne leurs propres défauts.  Même s’il s’agit d’un pays avec une longue tradition de liberté d’expression, comme la France ou les États-Unis, il n’est pas humainement possible d’être tout à fait reconnaissant de ce qui ne marche pas dans sa propre société.  Beaucoup de Français se plaignent du comportement des syndicats, par exemple.  Mais si un étranger, en l’occurrence un Américain, pointait du doigt le pouvoir des syndicats en France et suggérait que ce pouvoir pourrait gêner la croissance économique, c’est possible que les Français, quelque soient leurs tendances politiques, s’en offusquent.  De même, bien que je sois tout à fait contre le port des armes, estimant que le droit illimité aux armes qui existe ici contribue fortement au taux de criminalité dans notre pays, je ressens un peu de colère quand les étrangers, en l’occurrence les Français dans des commentaires laissés sur lefigaro.fr par exemple, nous critiquent pour notre engouement pour les armes à feu.

En tant qu’écrivain toujours sur le qui-vive pour des points communs entre votre pays et le mien, il m’est très réconfortant de savoir que notre aveuglement national en ce qui concerne la dette souveraine est en grande partie partagé.  Donc j’espère ne pas vous blesser dans l’amour-propre si j'en parle.

Et la France et les États-Unis dépensent plus d’argent qu’ils ne reçoivent en impôts.  Mais tant qu’il y aura des créanciers disposés à nous prêter l’argent dont nous avons besoin pour alimenter nos machines à allocations sociales (et de ce côté de l’Atlantique, nos forces militaires), nous n’arriverons jamais à ramener notre endettement à zéro. Nous faisons croire, tous les deux, que nous sommes tout à fait conscients du danger que pose la dette ; des deux côtés de l’Atlantique les journalistes, économistes, élus, etc. ont été nombreux à tirer la sonnette d’alarme quant au sort qui nous attend si l’on n’en fait rien.  C’est une espèce d’aveuglement, je pense, qui nous a empêché jusqu’à présent de tenir le taureau par les cornes.  Comment pourrait-il en être autrement ?

Mais si nous souffrons du même aveuglement en matière de dette, nos systèmes économiques et sociaux respectifs causent une certaine incapacité de voir les bonnes solutions pour la payer.

Le capitalisme néo-libéral qui s’est peu à peu installé dans mon pays ces dernières années interdit toute augmentation d’impôts qui, elle, puisse renflouer les caisses de l’état et donc assainir nos comptes publics.  Les républicains ne veulent rien entendre sur ce point, mais les démocrates ne sont pas beaucoup mieux non plus.  Ce qui plus est, nous avons beaucoup de vaches sacrées dans notre budget, dont les dépenses militaires et l’assurance santé pour les seniors.  Ces dernières menacent de faire exploser notre dette souveraine.

En revanche, l’exception française consiste à taxer et taxer encore, et c’est clair que la situation ne va pas s’améliorer sous la majorité actuelle.  La stratégie du gouvernement est d'imposer les entreprises et les contribuables, quitte à faire quitter le pays les détenteurs des plus grandes fortunes.  En même temps, il reste à voir si le gouvernement mènera jusqu’au bout son projet de réduire les dépenses de l’état.

Pas étonnant alors que le taux de croissance français reste obstinément à zéro.

J’ai toujours cru en un pays idéal qui applique les meilleurs aspects de votre système étatiste et notre système individualiste.  Vu notre aveuglement national, je ne crois pas que ce beau pays imaginaire puisse naître.