jeudi 20 décembre 2012

La banalisation des maux sociaux

Ici (à New York) on se vante d’une baisse de criminalité ces dernières années. Récemment il y a même eu un jour (le 26 novembre) sans crime violent - c’est du jamais vu.

Cette tendance s’est généralisée dans le pays entier - aux États-Unis le taux de criminalité est à son plus bas niveau depuis le début des années 70. 

À mon avis c’est un peu tôt pourtant pour s’en réjouir - il convient de prendre un peu de recul.  Avec un taux d’incarcération de 714 prisonniers pour 100 000 personnes (par rapport à 91 pour 100 000 en France), l’amélioration de criminalité qui est censée exister en Amérique est toute relative.  Aussi les fusillades qui s'y produisent régulièrement devraient nous rappeler que ça ne va pas tout à fait chez nous.

Le crime a pris une place permanente dans le quotidien des Américains, à un tel point que l’on n’en fait plus grand cas.  En revanche, malgré un taux de criminalité toujours croissant, j’observe que vous acceptez moins que le crime devienne une chose banale une France.  Les règlements de comptes à Marseille et les réseaux de cambrioleurs (partout dans l’Hexagone) font la une de vos magazines, tandis que des phénomènes pareils aux États-Unis ne susciteraient pas autant d’intérêt.

Il y a plusieurs façons d’expliquer ce phénomène :

1. La généralisation du crime et l’insécurité qui en résultent sont plus récentes en France qu’aux USA.

2. L’étendue des USA empêche la solidarité.  C’est-à-dire que si un délit criminel se déroule en Californie, ce délit restera quasiment inaperçu à New York.

3. Le problème revient justement au caractère des Américains. Un manque de solidarité nous laisse indifférents au sort de nos voisins.  La culture de l’individu a pignon sur rue en Amérique alors que « fraternité » figure dans la devise nationale de la France.

4. Rien ne se passe en France sans que vous ne vous en plaigniez.

jeudi 29 novembre 2012

La construction européenne vue par un citoyen d’un état fédéral




Une fédération, qu’il s’agisse de l’union des 50 états dont est fait mon pays d’Amérique, ou qu’il s’agisse de l’Europe de 27, doit apporter aux pays/états membres des bénéfices dont ces pays ou états ne jouiraient pas s’ils restaient seuls.  N’en déplaise à mes concitoyens du Texas, les 50 états des USA sont plus forts ensemble qu’ils ne le seraient séparés.  Ils sont défendus par une armée nationale, subventionnés par des impôts recueillis par le gouvernement national (ou très souvent à nos jours par des emprunts faits par le gouvernement national sur le marché mondial - cela revient au même) et protégés par la même constitution.  On peut dire - certes, on se doit de dire que les États-Unis ont une culture, une histoire et une langue plus ou moins communes. Bref, les USA sont un pays, indivisible.

L’idée que nos états pourraient se séparer les uns des autres est donc ridicule.  Même mes amis texans s’en rendent compte.  Cependant, il est également ridicule d’imposer le modèle fédéral là où il n'y a pas de cohérence ethnique, culturelle et économique.  Je parle, bien sûr, de l’Europe des 27.

Je crains que l’Union européenne ne soit qu’une tentative de créer un États-Unis d’Europe à coups de bâton de magie. Or comme tous les enfants savent dès l’âge de sept ans, la magie est un mensonge.  Les États-Unis sont nés à travers un travail constitutionnel acharné, une guerre révolutionnaire et plus tard une guerre de sécession.  L’UE est un monstre de Frankenstein conçu par - il faut le dire - une élite bien-pensante, imposé sur les peuples de l’Europe qu’ils le veuillent ou pas.

Voilà mon opinion.  Mais les faits sont aussi éloquents. Dans un premier temps, une union qui comprend l’Allemagne et la Grèce n’est pas faite pour réussir ; de fait, elle ne réussit pas en raison du gros écart culturel et économique entre ces deux pays.  Cet écart semble infranchissable par ailleurs.  La monnaie unique, pour sa part, est un boulet qui gêne la compétitivité de tous les pays de l’Union, y compris la France ; l’Allemagne est le seul membre qui en bénéficie.  L’Espace Schengen fut conçue pour permettre le libre passage dans l’UE, mais a eu le résultat pas du tout souhaitable de priver aux pays membres le droit de régler leurs propres frontières.  La réglementation bruxelloise a l’air de se faire dans l’ignorance totale des conditions sur le terrain, avec des conséquences particulièrement lourdes pour les agriculteurs français.

L’Union Européenne est une armée mexicaine.  Ce qui me semble beaucoup plus pratique, pour ne pas dire plus respectueux des pays concernés, serait des zones de coopération plus petites.  Il vaudrait mieux s’en tenir au couple franco-allemand, par exemple, mais on pourrait y ajouter l’Espagne quand cette dernière sortira de la crise (si jamais elle y parvient).  Un groupe économique qui comprenne les pays de l’Est aussi me semblerait une bonne chose.  Cependant, une zone multinationale quelconque doit respecter la langue et culture locales pour réussir et être acceptée par le peuple.  L’Europe des 27 agit comme s’il n’y avait aucune différence entre ses membres - elle est donc vouée à l’échec.

dimanche 11 novembre 2012

La Langue de Shakespeare, deuxième partie


Vous êtes fort inquiétés du sort de votre langue et vous avez raison de l’être, vu la dominance de l’anglais qui, lui, s’impose petit à petit au point de remplacer le français comme langue universelle.  Sachez pourtant que la victoire de ma langue est pyrrhique.  Car la dominance de l’anglais n’a rien à voir avec le mérite de la langue elle-même.  C’est plutôt en raison du modèle économique anglo-saxon que l’anglais est devenu la langue universelle.  C’est normal qu’un monde qui adopte la pensée économique d’Adam Smith et ses acolytes adopte aussi la langue anglaise comme langue des affaires.  Comme les affaires ne connaissent plus de frontières, c’est normal aussi que l’anglais se répande dans le monde entier.  On ne devrait pas donc s’étonner que ce ne soit plus la langue de Shakespeare que l’on parle, c’est la langue de commerce, sans racines ni culture.


Pendant 350 ans environ (1600-1945), la richesse de l’anglais l’aurait certes rendu digne d’être considéré la première langue du monde (avec le français et l’espagnol bien sûr).  Entre la traduction de la bible en anglais (parrainée par le roi Jacques et achevée pendant la même période où Shakespeare écrivait ses pièces de théâtre) et la fin de la deuxième guerre mondiale, l’anglais fut une grande langue littéraire.  Seul le français l’aurait rivalisé dans ce domaine (n'en déplaise à mes amis allemands, russes, espagnols, etc.).

L’anglais est justement l’un des grands fortunés de l’histoire.  Il a bénéficié de l’invasion normande, s’appropriant la richesse du vocabulaire français.  La Renaissance lui a permis de s'ouvrir et de respirer en quelque sorte l'air de la pensée libre sous le règne bénévole d’Elizabeth I, d’où le génie de Shakespeare et d’autres poètes contemporains a su se développer. Au 18e siècle l’Âge d'éclaircissement a vu apparaître des écrivains anglais importants (surtout des historiens et philosophes) pendant que l’Empire britannique a répandu la langue et l’influence anglaises ; l’isolement géographique épargnait l’Angleterre les ravages des guerres continentales en même temps que la révolution industrielle lui apportait la prospérité.  Au 19e siècle l’Angleterre est devenue un pays bourgeois avec une confiance en elle-même insupportable (du point de vue français) - donc elle s’est transformée en un milieu parfait pour l’originalité littéraire ( ! ) : Jane Austen, Dickens, Thomas Hardy, George Eliot, etc.

L’essor des États-Unis a lui aussi joué un rôle non négligeable à l’évolution de l’anglais.  À partir de la fin de la guerre de Sécession sinon plus tôt, on peut constater l’arrivée d’une langue américaine, bien différente de son cousin anglais.  À travers l’œuvre de Mark Twain, Walt Whitman et d’autres écrivains américains du 19e siècle on commence à voir un esprit nouveau qui va de pair avec la croissance non seulement économique mais culturelle des États-Unis.


Pour terminer cette courte histoire de la langue anglaise, il suffira de constater que ma langue maternelle a surmonté tous les bouleversements de la première partie du 20e siècle.  La Grande Guerre et l’après-guerre, la décontraction des mœurs des années 20, la crise des années 30 ont tous produits de grandes voix littéraires et outre-Manche et en Amérique.


Malheureusement, le seul bouleversement auquel la grandeur de l'anglais n’ait pu survivre a été l’âge de consommation (1945-jusqu’au présent).  Face aux guerres et aux crises l’anglais a tenu bon.  Face à la paix et la dominance du système anglo-saxon, l’anglais s’est écroulé.  Que l’anglais est une langue utile et très influent il n’y a aucun doute.  Cependant, dans l’anglais contemporain je n’y vois plus les qualités poétiques si évidentes dans les discours d’Abraham Lincoln et les meilleurs livres et contes d’Ernest Hemingway. Quant à Henry James, c’est comme si ce géant du roman était de provenance extraterrestre.

dimanche 21 octobre 2012

La Langue de Shakespeare, première partie

Bien que j’écoute la radio française tous les jours en podcast, je ne suis pas bien placé pour juger de la qualité de la langue parlée.  Si l’animateur ou l’invité de l’émission commet une faute, c’est fort probable qu’elle m’échappe.  Il y aura toujours des subtilités de la langue française auxquelles je ne pourrai jamais être sensible.

Pourtant, j’ai remarqué que les Français semblent capables de parler longuement sans trébucher sur les mots, presque sans égard pour l’origine sociale de la personne.  En tant qu’Américain, je m’émerveille de cette habilité.

Bien sûr, le niveau d’éducation compte beaucoup et la maîtrise d’une langue à l’oral en dépend, forcément.  Mais une chose qui ne cesse de m’ébahir, c’est la mauvaise qualité d’expression orale même chez mes compatriotes issus des milieux les plus favorisés.  Qu’il s’agisse d’une personnalité politique bien connue, un chroniqueur ou un économiste s’exprimant à la radio ou à la télé, les fautes d’usage et de grammaire souvent rendent l’entretien difficile à l’oreille.

Je me demande comment on en est arrivé là.  La réponse est en réalité assez simple.  On apprend à nos enfants à écrire (quelquefois avec succès), mais à l’école on a laissé de côté la pratique de la langue orale.  Il n’y a plus d’emphase sur cet élément important du développement personnel.  J’estime que la langue anglo-américaine en souffre énormément.

vendredi 5 octobre 2012

L'Aveuglement national

C’est une évidence que tous les pays, qu’ils soient démocratiques ou pas, souffrent de l’aveuglement en ce qui concerne leurs propres défauts.  Même s’il s’agit d’un pays avec une longue tradition de liberté d’expression, comme la France ou les États-Unis, il n’est pas humainement possible d’être tout à fait reconnaissant de ce qui ne marche pas dans sa propre société.  Beaucoup de Français se plaignent du comportement des syndicats, par exemple.  Mais si un étranger, en l’occurrence un Américain, pointait du doigt le pouvoir des syndicats en France et suggérait que ce pouvoir pourrait gêner la croissance économique, c’est possible que les Français, quelque soient leurs tendances politiques, s’en offusquent.  De même, bien que je sois tout à fait contre le port des armes, estimant que le droit illimité aux armes qui existe ici contribue fortement au taux de criminalité dans notre pays, je ressens un peu de colère quand les étrangers, en l’occurrence les Français dans des commentaires laissés sur lefigaro.fr par exemple, nous critiquent pour notre engouement pour les armes à feu.

En tant qu’écrivain toujours sur le qui-vive pour des points communs entre votre pays et le mien, il m’est très réconfortant de savoir que notre aveuglement national en ce qui concerne la dette souveraine est en grande partie partagé.  Donc j’espère ne pas vous blesser dans l’amour-propre si j'en parle.

Et la France et les États-Unis dépensent plus d’argent qu’ils ne reçoivent en impôts.  Mais tant qu’il y aura des créanciers disposés à nous prêter l’argent dont nous avons besoin pour alimenter nos machines à allocations sociales (et de ce côté de l’Atlantique, nos forces militaires), nous n’arriverons jamais à ramener notre endettement à zéro. Nous faisons croire, tous les deux, que nous sommes tout à fait conscients du danger que pose la dette ; des deux côtés de l’Atlantique les journalistes, économistes, élus, etc. ont été nombreux à tirer la sonnette d’alarme quant au sort qui nous attend si l’on n’en fait rien.  C’est une espèce d’aveuglement, je pense, qui nous a empêché jusqu’à présent de tenir le taureau par les cornes.  Comment pourrait-il en être autrement ?

Mais si nous souffrons du même aveuglement en matière de dette, nos systèmes économiques et sociaux respectifs causent une certaine incapacité de voir les bonnes solutions pour la payer.

Le capitalisme néo-libéral qui s’est peu à peu installé dans mon pays ces dernières années interdit toute augmentation d’impôts qui, elle, puisse renflouer les caisses de l’état et donc assainir nos comptes publics.  Les républicains ne veulent rien entendre sur ce point, mais les démocrates ne sont pas beaucoup mieux non plus.  Ce qui plus est, nous avons beaucoup de vaches sacrées dans notre budget, dont les dépenses militaires et l’assurance santé pour les seniors.  Ces dernières menacent de faire exploser notre dette souveraine.

En revanche, l’exception française consiste à taxer et taxer encore, et c’est clair que la situation ne va pas s’améliorer sous la majorité actuelle.  La stratégie du gouvernement est d'imposer les entreprises et les contribuables, quitte à faire quitter le pays les détenteurs des plus grandes fortunes.  En même temps, il reste à voir si le gouvernement mènera jusqu’au bout son projet de réduire les dépenses de l’état.

Pas étonnant alors que le taux de croissance français reste obstinément à zéro.

J’ai toujours cru en un pays idéal qui applique les meilleurs aspects de votre système étatiste et notre système individualiste.  Vu notre aveuglement national, je ne crois pas que ce beau pays imaginaire puisse naître.

jeudi 13 septembre 2012

La Gauche de l’extrême droite




Suite à l’élection de Barack Obama à la présidence américaine, une fronde a surgi au sein du Parti républicain (le parti politique de droite aux États-Unis).  Nommé le « Tea Party » (vous en aurez peut-être entendu parler), ce mouvement est arrivé à radicaliser le programme des Républicains.  Il est connu pour trois principes : un refus absolu de compromis avec les Démocrates (l'autre parti majeur, centre gauche), une haine des taxes et une conviction inébranlable que tous les maux viennent du gouvernement fédéral, ce dernier toujours prêt à prendre la liberté aux citoyens.

Le Tea Party a souvent été comparé avec le Front National.  Or c’est vrai que les deux mouvements ont adopté une ligne dure sur l’immigration.  Les deux se sont approprié le titre « antisystème ».  Mais à partir de ces deux points communs indéniables il n’y a plus de ressemblance.

Car sur le plan social le FN serait considéré comme la gauche de la gauche aux États-Unis.  Le FN propose une TVA majorée pour les produits de luxe et la création d'un impôt progressif unique sur le patrimoine.  De telles propositions feraient hurler le Tea Party, hostile à toute hausse d’impôts. (En revanche, le Tea Party serait tout à fait d’accord avec la proposition mariniste de ramener le déficit public à zéro.)  Le FN demande le gel de la libéralisation et privatisation des services publics, donc il s’oppose au Tea Party, qui, lui, en a fait la mesure phare de son programme.

On pourrait multiplier les exemples, mais c’est une évidence que nos deux mouvements protestataires droitiers ont des similitudes, mais aussi des différences importantes. En fait le Tea Party et le FN ne sont pas faits pour s’entendre.  Le Tea Party croit en l’exception américaine (l’individualisme à tout va) et le Front National n’est pas prêt à lâcher les prestations sociales à la française.  Une chose est sûre : les ouvriers blancs qui forment la base du Tea Party ne maîtrisent pas le français et la classe ouvrière qui forme la base du FN ne comprend rien au libéralisme à l’anglo-saxonne.

vendredi 31 août 2012

De quel pays s’agit-il ?

« ...des professeurs confrontés régulièrement à la violence des élèves, mais aussi - et c'est peut-être encore plus traumatisant - à l'agressivité des
parents... »

« Nous avons créé - et c’est terrible pour un pays comme le nôtre - des conditions (pour les profs) qui vraiment conduisent au découragement. »

« Nous savons tous que les enseignants ne sont pas assez rémunérés...par rapport au service qu’ils rendent à la société. »

La langue de ces citations est le seul indice qui nous permet de deviner ce dont on parle, notamment la situation souvent difficile des enseignants en France. (La première citation est tirée d’un reportage d’Armelle Lévy sur RTL, la seconde et la troisième ont été prononcées par le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, sur cette même antenne.)

Car si je les traduisais en anglais, je pourrais faire croire à mes collègues (moi aussi je suis prof ) qu’il s’agissait des conditions de travail pénibles qui affligent non seulement les enseignants américains affectés dans les établissements dits « difficiles », mais aussi dans les écoles publiques des quartiers plus favorisés.

Donc ce n’est que nos langues qui nous séparent dans ce cas.  Nous avons parfois les mêmes expériences.


mercredi 22 août 2012

¡Viva Mexico!



Une tendance préoccupante du français contemporain est l’usage des mots et expressions anglais là où, à mon avis, cet usage n’améliore aucunement l’argument de celui qui parle.

La cause de l’anglicisation du français s’attribue à la mondialisation et la dominance de la culture américaine en général.  Je crois que cette explication est correcte.

On s’attendrait alors à ce que l’espagnol mexicain soit lui aussi truffé d’anglicismes.  Le Mexique a été historiquement dominé par son grand voisin anglophone du nord.

J’y étais récemment pour un séjour éducatif.  J'ai lu tous les journaux majeurs, j'ai parlé beaucoup avec les Mexicains, j’ai écouté la radio. Je peux donc vous rapporter que les mots anglais ne s’utilisent pas autant en espagnol qu’en français. C’est vrai que je n'ai pu regarder la télévision mexicaine pendant mon séjour, et c’est fort possible que les animateurs de la télévision mexicaine se servent de l’anglais pour attirer l’attention de l’audience, comme on fait en France.

Je ne dis pas que l’espagnol mexicain est plus pur que le français, loin de là.  Je veux seulement montrer du doigt le fait que le français s'est laissé dominer par l’anglais, alors que le mexicain a trouvé les moyens de se défendre contre la lengua de los gringos

Ce constat ne m’apporte pas de joie.  Je suis plutôt écœuré par la triste réalité que l’anglais s’impose partout comme un rouleau compresseur, que la richesse de la langue de Molière est en train de se perdre.  Ce qui est pire, c’est que l’anglais n’est plus ce qu’il était en termes de richesse de vocabulaire et élégance d’expression.  Mais la lente dégradation de ma langue maternelle fera l’objet d’un futur article.

mercredi 8 août 2012

L’Énorme importance de la France



Le premier anniversaire de ce blog vient de se célébrer.  Je crois donc que c’est le moment opportun pour remercier les lecteurs qui ont laissé des commentaires encourageants et démontré leur fidélité.  Bien sûr, je suis ravi que des Français non seulement aient lu mes propos, mais aussi les aient appréciés, quoi que le français ne soit pas ma langue maternelle et que je sois de nationalité américaine.

Je saisis cette occasion aussi pour vous rappeler les raisons pour lesquelles j’écris mes articles.  Tout simplement, je suis de l'avis que la France est unique au monde, d’autant qu’il n’y a pas d’autres pays qui disposent d’un tel patrimoine culinaire, artistique, littéraire et linguistique, qui en même temps continuent à tant peser sur la scène mondiale sur le plan économique et diplomatique.  Qui plus est, la France est presque le seul pays capitaliste majeur qui tente de résister au modèle économique libéral.  Les pays émergents suivent l’exemple anglo-saxon à tout va et les pays du sud de l’Europe n’arrivent plus à soutenir leur système d’allocations sociales.  L’Allemagne, malgré sa puissance économique indéniable, reste réticente devant la possibilité de projeter son influence, pour des raisons historiques bien connues. Les pays scandinaves, eux, ont bien réussi à ériger une espèce de forteresse contre la crise en se tenant à l’écart de la zone euro (sauf la Finlande bien sûr). En même temps il est clair que la Suède, la Norvège, le Danemark et la Finlande ne jouent pas le même rôle en Europe que la France et en paraissent par ailleurs très contents.

Bref, j'estime que la France ne cesse de fasciner sous bien des aspects.

Bien que la France et l’Amérique soient bien différentes l’une de l’autre et que la rivalité entre elles parfois reste forte, je n’aurais jamais commencé ce blog si je n’avais pas aperçu bien des points communs entre les deux pays.  Et la France et les États-Unis subissent la délocalisation, l’immigration en masse, la délinquance et des bouleversements culturaux, pour faire une liste non exhaustive.  C’est une évidence que tous ces changements n’agissent pas de la même manière sur votre pays et le mien.  C’est indéniable pour autant qu’une analyse du débat sur l’identité nationale en France, par exemple, peut bénéficier de l’expérience américaine en ce qui concerne ce même débat. En revanche, j’estime que vous avez le droit de nous faire la leçon dans beaucoup de domaines, dont l’assurance santé et l’équilibre entre le travail et la vie familiale.

Le fait que si peu de mes compatriotes soient enclins à prendre les idées françaises au sérieux (à part une tout petite tranche de la société américaine
« boboïsée » qui se targue d’imiter certains aspects de votre culture) ne me dissuadera jamais de faire état de tout ce qu’il y a de vertueux chez vous.  En même temps, j’espère que vous pardonnerez ma franchise si les circonstances parfois m’obligent à dire des choses qui soient, de votre point de vue, déplaisantes.

samedi 9 juin 2012

L'Art de conjuguer



Dans la vidéo ci-jointe je partage un livre qui m’est cher au cœur.  Cet exemplaire de « L’Art de conjuguer » se vendait à vil prix chez un marchand de livres d’occasion du coin.  Personne n’en voulait, je crois, parce que le livre était en bon état mais vieux (c’était l’édition de 1959).  Qui aurait besoin d’un bouquin poussiéreux dont le contenu est disponible en ligne ? J’ai pu l’acheter pour seulement trois dollars.

Vous pourriez dire que cet achat n’a rien de remarquable, que ce n’est pas la peine de le partager sur ce site.  Je vous répondrais pourtant que ce livre est quand même un véritable trésor de la langue, voire de la civilisation française.  Paru en pleine guerre d’Algérie, un an après la naissance douloureuse de la 5e République, cette 40e édition du Nouveau Bescherelle témoigne de la grande culture qui est la vôtre.  Regardons le titre de plus près. Conjuguer n’est pas du tout un art.  La maîtrise des verbes en français est le résultat de la mémorisation, la créativité n’y joue aucun rôle.  Mais Louis-Nicolas Bescherelle aurait pensé autrement pendant le XIXe siècle.  Croyait-il en la supériorité de la civilisation française, comme tant de ses contemporains ? Qu’est-ce qui expliquerait alors le titre « mégalo » de son ouvrage ?  Je ne sais pas si toutes les civilisations se valent ou se valent pas (je ne suis pas comme Claude Guéant) , mais je suis certain que L’Art de conjuguer est un grand livre, le produit d’une confiance qui aujourd’hui nous semblerait outrancière, mais qui au XIXe siècle était normale.



jeudi 24 mai 2012

Made in France/USA



J’ai recensé tous les produits de fabrication française que nous avons chez nous.  En voici une liste exhaustive :

1. Une marmite Le Creuset
2. Un pot de moutarde
3. Deux pots de confiture
4. Trois toiles antiadhérantes SILPAT
5. Deux salières de sel de mer
6. Une bouteille d'huile de noix

Excusez-moi de n’avoir ni du vin ni du fromage français.  Normalement nous adorons prendre du vin en dînant, mais la vie que nous menons - « métro, boulot, dodo » - nous en empêche.  Nous essayons de dîner ensemble tous les soirs, mais - hélas - nous ne prenons pas le temps d’ajouter le plat de fromage au menu. Tant pis pour nous !

Alors, si vous avez une petite minute, recensez tous les produits de fabrication américaine qu’il y a chez vous. 

Une minute est bien tout ce qu’il vous faudra, parce que je suis certain que vous n’en avez pas.  Le « made in USA » n’existe presque plus, même chez nous.  Par contre, ce que vous possédez sans doute, c’est un portable et un ordinateur.  Ou ces gadgets sont des produits Apple (siégé en Californie), ou leur fonctionnement est assuré par des logiciels et applications d’origine américaine (tandis que les appareils eux-mêmes sont fabriqués en Chine ou en Thailande).

La liste ci-dessus suggère que l’exportation des produits agro-alimentaires reste très importante pour l’économie française.  Quant à nous, nous ne fabriquons presque plus rien en matière d’ustensiles ménagers, d’outils de charpentier, ou de machinerie lourde.  Cependant, nous restons très forts en informatique.

Ici il convient de souligner que ni l’économie française ni l’économie américaine ne rapportent de grands bénéfices pour la classe moyenne de leurs pays respectifs.  Pas étonnant alors que, s’agissant de la France, la classe ouvrière se tourne vers le FN, et s’agissant des USA, elle se tourne vers le Tea Party.  Le secteur agroalimentaire, à lui seul, n’est pas capable de faire redresser l’exportation française.

L’informatique quant à lui a créé un nouveau secteur d’emploi ; elle a aussi créé des milliardaires de renommée mondiale, comme Mark Zuckerberg et Bill Gates.  Mais elle n’a pas su remplacer les pertes causées par la désindustrialisation. Aux USA comme en France, la classe ouvrière est précarisée.  Les grandes entreprises de l’informatique engrangent de gros bénéfices en utilisant une main d’œuvre à bas coût asiatique.  Les grandes marques françaises ont également déménagé des usines dans les pays de l’Est afin de réduire le coût de travail.  Tristes points communs entre les deux pays.  Arnaud Montebourg a beau prôner le redressement industriel de la France.  La mondialisation et le libéralisme se sont mis en travers de la route.

jeudi 10 mai 2012

Livres et blogs, deuxième partie




Design Mom est l’un des blogs les plus visités de l’Amérique entière. Le magazine américain Time l’a même nommé « Site internet de l’année
 2010 ».  Il s’agit d’une mère américaine (c’est-à-dire « Design Mom » elle-même) qui s’installe  dans la campagne française avec sa famille (son mari et six enfants).  Elle se met à chroniquer les lieux qu’elle visite, les objets décoratifs qu’elle découvre et les vêtements qu’elle fait mettre à ses enfants.

En regardant ce blog on apprend deux choses.  La première est que Design Mom est entourée d’un très joli paysage et qu’elle habite aussi une merveilleuse maison de campagne.  Ceux qui doutent que la France ait préservé sa beauté campagnarde ont évidemment tort.  La seconde est qu’avant l’arrivée de Design Mom et son entourage, la France devait être un pays désert.  Car sur ce site les Français n’y figurent guère.  On n’y voit que de beaux jardins, de belles fleurs, les pièces de sa maison que Design Mom a meublées et les membres de sa propre famille.

Conclusion : Design Mom ne se lasse pas d’afficher des clichés des choses splendides qui sont si abondantes dans votre très beau pays.  Mais l’authenticité exige qu’elle inclue aussi quelques photos qui aient pour sujet les Français qui ont créé les maisons, meubles, jardins, etc. qui décorent son site.  On ne se plaindrait pas non plus si elle faisait état de la vie familiale et professionnelle de ses voisins.

Mais si les nombreux lecteurs de  Design Mom sont mécontents du manque de Français dans les images du blog, ils n’en ont rien dit, à en croire les commentaires.

vendredi 27 avril 2012

Le bon homme et le mauvais homme



D’un côté, vous avez un homme qui pendant cinq ans vous a frustrés, qui vous a agacés, au point que la majorité d’entre vous n’en veut plus.  De l’autre vous en avez un qui est moins expérimenté, mais qui, jusqu’à présent vous a semblé beaucoup plus sympathique, plus rassembleur.  Des compétences de ce dernier vous n’en savez pas grand-chose, d’autant qu’il manque d’expérience ministérielle, mais peu importe, c’est bien lui que vous avez l’intention d’élire le 6 mai.

Et pourtant...

Le mauvais homme est celui que, tout compte fait, à mon avis possède les meilleures idées, tandis que c’est l’homme aimable qui propose les idées les plus ringardes, voire risibles.  S’agissant de l’homme détesté, vous me feriez remarquer le décalage entre ce qu’il a dit et ce qu’il a fait, les divisions qu’il a suscitées, son psychodrame personnel et j’en passe et des meilleurs.  Vous n’auriez pas tort, mais la logique s'impose.  Un bon homme avec des mauvaises idées et un homme détestable avec des idées qui ont du bon sens (à mon avis), lequel produirait les meilleurs résultats ?

Je peux bien imaginer votre réponse.  Les « bonnes » idées dont je parle ont été plutôt clivantes ; le mauvais homme a sanctionné la partie de la population la plus vulnérable ; il a stigmatisé les immigrés.  Le même homme qui aujourd’hui s’en prend aux Français qui mettent leurs fortunes à l’abri du fisc a créé des niches fiscales en début de son mandat.  C’est de l’hypocrisie pure.  Soit.  Je vous répondrais que le mauvais homme a aussi proposé de protéger le modèle social français en faisant les décisions difficiles qui assureraient sa survie.  Il a proposé de régler l’immigration, il n’a pas envie de s’en débarrasser.  Il se rend compte que la sécurité reste préoccupante, tout en travaillant en partenariat avec l’Allemagne pour sauver la zone euro puisqu’il sait qu’il n’y a pas d’autre manière de sorter de la crise.  Une crise qui a changé la donne.

Le bon homme propose d’augmenter les impôts et de créer encore des postes à la fonction publique.  Je ne suis pas bien placé, moi, pour juger de ce dont la France a vraiment besoin.  Je suis pourtant assez sûr que le pays qui dispose de plus de fonctionnaires que n’importe quel autre pays européen peut bien s’en passer.  Le bon homme, fera-t-il en sorte que la France devienne plus compétitive ?  J’ai du mal à m’en convaincre.  Sur le plan sécuritaire, le bon homme, fera-t-il mieux que le mauvais homme ?  Il y a des raisons pour soupçonner que la délinquance et le laxisme judiciaire ne s’amélioreraient pas sous la houlette de l’homme aimable qui prétend à l’Elysée.

Parmi les électeurs qui ont voté le président-sortant le 22 avril il y en a très peu qui ont été motivés par le sentiment, j’en suis conscient.  Cependant, je suis arrivé à la conclusion qu’ils ont fait le meilleur choix (ou le moins mauvais, comme vous voulez).

Néanmoins, quand je dis que j’espère que toutes mes peurs et inquiétudes vis-à-vis du candidat favori sont mal fondées, croyez-moi. Si le bon homme se fait élire et son mandat est un succès, j'admettrai vouluntiers que j'avais eu tort de le critiquer.  La France n’a pas droit à l’erreur, alors que moi, si, j’y ai droit.  En fait j’espère avoir tort.

dimanche 22 avril 2012

Livres et blogs, première partie

Contrairement à certaines idées reçues, les Américains s’intéressent à ce qui se passe en dehors de leur pays.  C’est mon intention, éventuellement, de parler de plusieurs livres et blogs américains qui ont pour sujet la France et les Français.  Tous démontrent définitivement que votre pays nous est cher au cœur.  Aujourd’hui je vous présente la première partie de la série.
Dans son livre récent titré Bringing Up Bébé, Pamela Druckerman (une Américaine qui réside à Paris depuis plusieurs années) nous relate ses expériences de mère.  Ancienne journaliste chez le Wall Street Journal, Pamela Druckerman s’éprend de l’éducation des enfants à la française, déclarant que dans votre beau pays on a trouvé la bonne méthode pour bien élever les enfants.  Selon elle, tous les petits français ont toujours un comportement impeccable.  En revanche, les garnements américains, dont les siens, ne cessent de chouiner et font comme ils veulent. Leçon : la culture bourgeoise française impose la loi aux enfants, au point que ces derniers n’oseraient pas répondre à leurs parents, alors que la permissivité anglo-saxonne ne fait que provoquer l’irrespect et le conflit à domicile.

Au cours du temps, les méthodes parentales que Pamela Druckerman apprend auprès de ses amis parisiens lui permet finalement de maîtriser ses propres rejetons. Ces derniers se transforment en bons petits citoyens
de la République ; ils n’oseraient plus répondre à leur maman, ni de refuser de manger ce qu’il y a sur la table.  Américains : faites attention !

Sa thèse est simpliste, mais l’auteur n’a pas tout à fait tort, surtout en ce qui concerne les modes de vie alimentaires anglo-saxonnes, lesquelles sont et pour moi et pour l’auteur du livre une source continuelle de honte.  Il ne devrait étonner personne que les enfants qui ont le droit de manger n’importe quoi quand bon leur semble (en l’occurrence, les enfants américains) aient aussi de la difficulté à maîtriser leurs pulsions.  Et à juste titre elle chante les louanges de votre système d’allocations familiales, qui permet aux mères de retourner plus aisément au travail qu’aux États-Unis, où il faudrait embaucher une nourrice qui n’a pas forcément été agréée, où mettre son enfant à une crèche privée qui souvent coûte très cher.

Cependant, ce livre souffre du défaut de presque tous les livres sur la France écrits par des Américains.  C’est-à-dire que pour nous, la France n’est que la douce France, pays des bons vins.  L’auteur de
« Bringing Up Bébé » ne sort jamais de son milieu boboïsé parisien.  Pamela Druckerman et ses amis ne sont pas touchés par la délocalisation, la précarité économique en général, le divorce et tous les autres maux qui affligent la France qui « se lève tôt ».  Elle aurait mieux fait de sortir de la région parisienne pour voir des mortels qui vivent plus de difficultés avec leurs enfants.

mercredi 11 avril 2012

La joie d’être américain



J’ai de la chance d’être américain et la raison en est bien simple : ici le choix d’un candidat aux présidentielles sera bien facile.

D’un côté nous avons Obama, qui, n’en déplaise à ses détracteurs, a fait aussi bien que les circonstances actuelles le lui ont permis, compte tenu que les républicains s’acharnent sur tout ce qu’il propose.  De l’autre côté, les imbéciles qui s’opposent à lui ne croient pas au réchauffement climatique et doutent des bases scientifiques de l’évolution.  Les connaissances des langues étrangères devraient être un atout.  Cependant, chez les républicains elles font preuve d’un manque de patriotisme. Bref, j’ai choisi il y a longtemps de voter pour Obama.

J’avais toujours pensé qu’être citoyen français avec de l’emploi à temps plein aurait été le comble du bonheur.  Ou retraité avant la réforme des retraites, voyageant partout en camping-car.  Maintenant, j’ai changé d’avis (partiellement).  Car l’enfer, c’est d'avoir à choisir entre vos 10 candidats aux présidentielles.

Quand François Hollande a proposé de créer 60 000 postes dans l’enseignement, j’ai penché pour lui sur-le-champ.  Je suis enseignant, et qui ne voudrait pas davantage d’emplois dans le secteur où l’on
travaille soi-même ? Il propose de plafonner le prix de l’essence.  En tant qu’Américain je m’en réjouis. Cependant, FH a d’autres idées.  Il veut imposer les riches à 75 %.  Même en Europe, un tel impôt serait confiscatoire.  Il veut créer un contrat de génération.  Le marché du travail en France n’est pas déjà suffisamment rigide ? Capitaine de pédalo ?  M. Mélenchon est bien méchant.  Mais si le changement, c’est maintenant, dès maintenant je le cherche ailleurs.

À la différence de la grande majorité des Français, j’aime le président-sortant au niveau personnel. Mais personne ne peut démentir l’écart entre ce qu’il a dit et ce qu’il a fait. Son dynamisme est indéniable. Son imagination aussi. « Le pouvoir d’achat a augmenté de 1,4 % chaque année (pendant son quinquennat) »,     « Le problème des multirécidivistes, je le réglerai en été 2007 », « Le premier sujet de préoccupation
des Français, c’est la viande halal » et j’en passe.

Quant au candidat-sortant permettez-moi de rester indécis.

Quand je lis les faits divers et apprends que les vieilles dames se font agresser et se font traiter de sales Françaises dans les cours de leurs immeubles, ma colère monte à tel point qu’une pensée me vient à l’esprit : voter Marine LePen.  Puis je m’interroge sur les solutions qu’elle apporte aux problèmes économiques et sécuritaires de la France, et je commence à faire une liste d’adjectifs qualitatifs : irréalistes, fantaisistes,  nuisibles, outrancières.  En considérant la candidature de MLP, au moins j’améliore mon français.

Peut-être qu’il suffira que je m’arrête ici, dans l’espoir que vous compreniez ma thèse.  Autrement il faudrait énumérer les qualités et défauts d’encore sept candidats.  Je n’ai pas envie d’abuser de votre patience. 

Je termine en souhaitant que cette fois vous ne m’en veuillez pas d’être américain.

jeudi 29 mars 2012

Leçon d’anglais



Vous employez le terme « far west » (ouest lointain) pour designer la période historique américaine qui s’est déroulée au 19e siècle.  Les journalistes français s’en servent aussi pour décrire les fusillades et d’autres atteintes à l’ordre public.

Je me dois de vous informer que si vous utilisez ce terme en Amérique, on ne saura pas de quoi vous parlez.  Par contre, si vous dites "old west" (vieil ouest) ou "wild west" (ouest sauvage), vous ferez preuve de votre authenticité et respect pour nos vieilles traditions.

mardi 27 mars 2012

Relations franco-ibériennes : la colère de vos voisins



Beaucoup de monde commente l’actualité sur les sites des journaux de tous les pays du monde. (j’ai déjà commenté le caractère des réactions que l'on trouve sur lefigaro.fr et d’autres journaux français : http://relationsfranco-americaines.blogspot.com/2011_08_01_archive.html)  Puisque l’anonymat de l’internet permet le libre-échange et des idées et d’émotions, on remarque parfois de l’emportement dans les réactions des lecteurs, qu’il s’agisse du New York Times ou du Parisien.  Cela arrive à tout le monde.

Il y a pourtant des choses marquantes dans les commentaires laissés sur le site du journal espagnol réputé El País.  Dans un premier temps je dois remarquer que la charte de participation de ce journal espagnol serait a priori moins stricte que celle qui gouverne la plupart des journaux français.  Cet exemple nous le montre : "Yo sabia que eras tonto, lo que no sabia es que ademas eres marica."
(Je savais que tu étais nul, j’ignorais que tu étais pédale aussi.) Ça va de soi qu’un tel commentaire serait supprimé s’il s’agissait du Figaro, je pense.

Certes, on n’a pas à chercher longtemps pour trouver du sarcasme et du mépris sur lefigaro.fr.  En réaction à l’article titré « Sarkozy se présente comme le candidat de la sécurité », des internautes ont écrit :

Candidat de la sécurité ?
Alors vivement qu'il soit élu !
Mais... ça ne fait pas 10 ans déjà qu'il est responsable de la sécurité ? Ah d'accord, c'est comme pour le pouvoir d'achat et la République irréprochable : c'est pour rire.

Quand on pense que le PS veut en revenir à la police de proximité dont on sait combien elleétait inefficace et couteuse.
J'ais (sic) eu l'occasion de la dénoncer , lors de plusoieurs (sic) réunions du comité local de prévention et de sécurité de ma ville.

Compte tenu qu’il y a sans doute eu des lecteurs français qui auraient tenté d'enregistrer des commentaires pareils à celui que j’ai tiré de El País, j’ai observé un ton chez les internautes de El País qui est quand même remarquable. C’est-à-dire ils adoptent presque tous un ton de désespoir et de colère.  Une colère qui correspond à un taux de chômage qui a atteint 23 % et pour les jeunes, 43 %.  Une colère qui est compréhensible dans un pays où un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.  Lisez ces commentaires :

"Todos sabemos que la economía española esta muy mal y no tiene pinta de que se arregle pronto, si queréis ganaros algún dinero extra clic aquí: http://goo.gl/hboLK Esto vale realmente la pena, no se pierde nada por intentarlo: http://goo.gl/Cee1Q Y en esto también se puede ganar algún dinero: http://goo.gl/6irt3".

Tout d’abord, je vous déconseille de cliquer sur les liens dans ce commentaire.  Car en voici la traduction :
« Tout le monde sait que l’économie espagnole est en très mauvais état et il ne me semble pas qu’elle se redresse bientôt.  Si vous avez envie de gagner un peu de fric cliquez ce lien : ...  Ça vaut le coup, car on ne peut rien perdre en se renseignant là-dessus.  Essayez ce lien aussi : ... »

"este RAJOY era el que decia que nos iban a respetar,lo que dan son ganas de llorar"
Traduction :  « C’était (le président) RAJOY qui justement promettait de nous faire respecter (à Bruxelles, auprès des autorités européennes), ils (la BCE, la Commission européenne) ne font que nous faire pleurer ».

No hay control solo destrucion (sic) de la economia de puestos de trabajo de bienestarsocial,hay que preguntarse estos ppodridos (sic) tienen capacidad para arreglar esta situacion????

« Il ne s’agit pas d’un « contrôle » (budgétaire), ce n’est rien que la destruction de l’économie, des emplois, de bien-être social, il faut se demander si ces pourris sont vraiment en mesure de régler la situation. »

Ces réactions sont semblables aux messages de détresse, jetés à la mer électronique par des naufragés de la zone euro.


mardi 20 mars 2012

Je me reconnais en lui



Il aurait qualifié son homologue espagnol, José Luis Zapatero, de ne pas être très intelligent.

Quant à moi, je me crois, de temps à autre, plus intelligent que ceux qui m’entourent, pour peu que mon avis soit justifié. Ça m’arrive et je n’en suis pas fier, voilà. Parfois c'est seulement la pudeur et le respect d'autrui qui m'empêchent de faire une bourde.  Je n’aurais jamais la hardiesse qu’il a eue.  Cela ne veut pas dire que je n’ai jamais eu les mêmes idées que lui vis-à-vis de certains interlocuteurs.

Il a prononcé la phrase malheureuse « Casse-toi pauv’con » à une personne qui a refusé de lui serrer la main. Ça, je ne l’aurais pas dit.  J’aurais plutôt baissé le regard, j’aurais rougi, sans rien dire.  J’aurais trop réfléchi aux conséquences de la franchise.  Sachez, pourtant, que les mots que j’aurais aimé dire auraient été à peu près les mêmes que les siens.

Plus récemment, lors d’une visite à un CFA à Lille, il a lancé : « J’aime bien ces jeunes, ils sont normaux, pas comme ceux de Sciences po ». Ce malgré la présence d’une dizaine de diplômés de cette prestigieuse école dans son équipe de campagne.  Cette citation m’a fait éclater de rire.  Puis l’honnêteté m’a ensuite obligé d’avouer que le désir de me faire aimer m’a fait, plus d’une fois, lâcher de pareilles bêtises.  J’ai eu de la chance de ne pas être candidat aux présidentielles, entouré de micros, et que les bêtises dont je parle aient été dites bien avant l’âge de l’internet.

Je ne le défends pas.  Je comprends votre déception, votre colère, voire votre mépris et votre haine.  J’estime d’ailleurs que les autres prétendants à la présidence, que l’on soit d’accord avec eux ou pas, aiment la France autant que lui (M. Hollande y compris) et sont, pour la plupart, sérieux.

Je n’ai parlé que de ses faiblesses et je n’en ai même pas fait une liste complète.  J’ai évité de parler de ses vertues, non pas parce que vous diriez qu’il n’en a pas, mais parce que les siennes et les miennes (si j’en ai) ne seraient pas les mêmes.  Il serait à la fois prétentieux et inutile de tenter de les comparer.  En outre, j’ai déjà évoqué trois points communs entre un particulier américain et le président de la République française.  Ça devrait suffire.


mardi 13 mars 2012

Le plus beau mot de la langue française

Votre langue possède beaucoup de très jolis mots.  Voici une liste non exhaustive des mots ne manquent jamais de susciter un frisson chaque fois que je les entends : intégralité, printanier, inéluctable, rossignol, gentillesse, coccinelle et n’oublions pas amour.

Cependant, pour moi le mot français le plus beaux de tous est l’adverbe/pronom personnel en.

D’une distance de 5 000 kilomètres je peux vous entendre ricaner.  De tous les mots du richissime vocabulaire de la langue française, qui est ce nul qui a choisi « en » comme favori ? 

Je m'expliquerai.  Prenons l’exemple de cette phrase : « J’ai tant aimé ce livre que j’en ai lu l’intégralité en un seul jour. » Ce n’est peut-être pas la plus jolie phrase que l’on puisse citer, mais elle démontre quand même assez clairement l’équilibre qui est, à mon avis, ce qui distingue le français des autres langues.  « Livre...en ai lu...l’intégralité » : trois références à l’idée de « livre » dans une seule phrase ; la première au début, la seconde au milieu et la dernière vers la fin.  Donc une phrase équilibrée, logique, parfaite.  Le pronom « en » en est l’axe.

À part le fait que le français m’est une langue étrangère, et on a toujours la tendance à idéaliser tout ce que l’on voit de loin, l’équilibre du français - moins évident dans l’anglais-américain contemporain je crois - ne cesse de m’émerveiller.  D’où mon enthousiasme pour votre langue (et son très riche vocabulaire).

samedi 10 mars 2012

François Hollande, rassembleur


François Hollande est censé être le plus rassembleur des candidats aux présidentielles, mais pourra-t-il l’être une fois élu ?  Rappelez-vous que la campagne électorale de notre président Obama n’a fait que farder le clivage droite-gauche en Amérique.  Vous qui suivez la politique américaine savez bien que la droite a fait semblant de dormir en début du mandat, tout en guettant le nouvel élu.  La guerre civile sans armes que nous subissons en Amérique a repris de plus belle une fois la lune de miel terminée.  Peu importe qu’Obama ait remplacé un président détesté.  « Un président détesté », ça vous rappelle quelqu’un ?

jeudi 8 mars 2012

Réfléchissez bien avant d’agir

On a très récemment proposé de changer certaines règles grammaticales françaises, de sorte que le masculin ne l’emporte plus sur le féminin.  C’est possible que vous puissiez apprécier cette perspective de la part d’un ami américain.  Nous avons déjà vécu cette controverse.

Inquiétés du sexisme qui lui aussi était inhérent à la langue anglaise, s’agissant plus précisément des pronoms personnels dans notre langue, nous commencions pendant les années 1970 à nous servir du pluriel quand même il s’agissait d’un seul individu.  (En anglais le pluriel n’indique pas le sexe de la personne ou chose concernées, tandis que le singulier, lui, si l’indique.
Anglais : give it to her (féminin singulier) ; français : donne-le-lui ; give it to them (pluriel) ; donne-le-leur) .  Par exemple, cette phrase en français « Si l’on vous présente à une personne âgée, il faut toujours être respectueux. » se traduirait ainsi en anglais-américain contemporain : “When you’re introduced to an older person, be polite to them.”

Autrefois, on aurait plutôt dit “When you’re introduced to an older person, be polite to him (lui, masculin singulier).”  Le pronom him voulait dire « tout le monde ».  Or on se rendait compte vers 1970 que « tout le monde » comprenait aussi le sexe féminin, du coup “him” était mal adapté.  Il fallait trouver un subtitut pour “him”, mais il n’y en avait pas un.  On convenait donc du pluriel “them” ou “their” (pronoms pluriels) pour indiquer une personne ou des personnes, peu importaient leur sexe et leur nombre.

Le problème semblait résolu.  Sauf qu’en utilisant désormais un pronom pluriel pour faire référence à une seule personne, on misait sur une logique grammaticale tordue qui par ailleurs sonne assez mal à l’oreille et ne fait aucun sens.

vendredi 24 février 2012

Le Kiosque parisien

Le passage au tout numérique semble inéluctable.  Les avantages offerts par les iPad, etc. eux aussi semblent indéniables : à part les moult possibilités que ces appareils nous offrent pour nous divertir, ils nous permettent de lire n’importe quel journal, livre, ou magazine provenant de n’importe quel pays.  Le papier est mort, vive l’écran !

Donc qu’est-ce qui arrivera au kiosque ?  Son sort semble fort incertain.  Franchement je m’étonne que la version papier de mes journaux et magazines français préférés existe encore.  Mais Le Monde, Le Figaro, Le Nouvel Observateur et Le Point paraissent en kiosque tous les jours, ou toutes les semaines, selon le cas, et je m’en réjouis énormément.  La dernière fois que j’étais à Paris, c’était un très grand plaisir de me rendre chez le marchand des journaux du coin pour acheter Le Parisien, Le JDD, etc.  J’en sortais les bras pleins de journaux, en fait je n’avais pas le temps de les lire tous.

Mais c’est possible alors qu’un jour, le kiosque disparaisse des trottoirs de vos grandes villes. 

Et je m’en désole.  En fait je suis quasiment en deuil.  Pourquoi ?  Je pourrai toujours accéder à tout le contenu de mes journaux favoris sur iPad ou ordinateur.

C’est pour une simple raison.  Oui, si j’habitais dans l’Illinois, je pourrais néanmoins lire Le Point, ce n’est pas grave.  Sauf que l’expérience d’aller chez le marchand de journaux à Paris pour acheter un exemplaire tout neuf du dit magazine n’est possible qu’à Paris, forcément.  Cette expérience n’est donc pas reproductible.

Au fur et à mesure que le monde se rétrécit, nos expériences parfois s’appauvrissent...

jeudi 16 février 2012

La France : champ de bataille

La guerre de 1914-1918.  L’avancée des Allemands est arrêtée juste avant qu’ils n'atteignent Paris.  Mais ce n’est qu’une mince ligne de tranchées qui empêche la puissante armée allemande de passer.

L’héroïsme des poilus ainsi que l’aide des Anglais dénient la victoire aux allemands jusqu’aux arrivée des Américains en 1918.  Les alliés, au bout de leurs forces, réussissent enfin à vaincre l’Empire allemand.  La France est sauvée.

Les coûts à la France sont pourtant énormes : 1,5 millions de morts.  Aussi me dois-je de mentionner les soldats des autres pays que s’allièrent à la France : la Russie, la Serbie, l’Italie, etc.

(Je souhaite reconnaître les pertes considérables des fantassins allemands, bien que leur empereur voulût soumettre la France et l’Angleterre pour que la domination allemande pût s’instaurer en Europe.  Leur cause n’était pas juste, mais je n’arrive pas à les condamner.)

Il ne faut jamais parler de la Première guerre mondiale, ni d’une guerre quelconque, avec légèreté. L’horreur de la guerre ne peut être imaginée que par ceux qui en témoignent.  Donc on a de la chance que la paix règne actuellement en Europe.  Une autre guerre entre la France et l’Allemagne est aujourd'hui impensable : une situation à laquelle nos arrière-grands-parents n’auraient jamais cru.

Mais la France est entrée de nouveau en guerre.

Ce n’est pas une guerre aux armes, évidemment. Cette fois, il s'agit plutôt d'une guerre culturelle, dont les conséquences pourraient être graves, aussi graves que les suites d'une défaite militaire.  Car si la France perd cette guerre, son patrimoine culturel, déjà en voie de disparition, s’anéantira et avec lui tout espoir que les cultures indigènes du monde puissent résister au nouveau ennemi : la mondialisation.

Depuis 1945, la mondialisation de la cuisine, de l'architecture, des langues et des coutumes rongent nos vieilles habitudes.  Il était une fois, nous étions des artisans, des paysans, des ouvriers.  Maintenant nous ne sommes que des consommateurs. On ne savoure plus, on ne goûte plus ; on mange. Nous achetons, donc nous sommes.

Aux États-Unis, la guerre contre la mondialisation a déjà été perdue et personne là-bas ne s’en est même pas rendu compte.  Car c’est nous qui avons déclenché les forces mondialisatrices qui se sont ensuite propagées au monde entier : la restauration rapide, la télévision, l’internet, la production à grande échelle, pour faire une liste non exhaustive.  Nous n’avons pas de quoi nous inquiéter.

Alors, s’il s’agit de la guerre, où en sont les dégâts ? Les batailles, où se déroulent-elles ? S’il y a un ennemi, il faut le montrer du doigt du moins !

Vous n'avez qu'à regarder les images ci-dessous pour avoir vos réponses :

Toutes ces photos ont été prises en France métropolitaine.  Mais elles auraient pu être prises également dans l’Illinois, ou bien aux alentours de n’importe quelle grande agglomération urbaine, qu’elle se trouve en France, au Canada, en Grande Bretagne et j’ose croire même au Brésil ou en Inde.  Elles nous montrent la mondialisation triomphante, les forces d’occupation de la consommation, l’écrasante défaite de la culture indigène française.

C’est vrai que des batailles, voire de batailles importantes ont été perdues.  De belles terres gisent en dessous des parcs de stationnement.  Des dizaines de milliers de fromageries et de boucheries se sont fermées.  La jeune génération ignore ses propres traditions.  Mais la guerre ne s'est pas encore terminée. Il y a toujours de l’espoir que vous, mes bons amis français, puissent continuer à résister à cette vague mondialisatrice, fossoyeur de toute culture.

Prenez les armes, citoyens !

vendredi 27 janvier 2012

La Chancelière et le président

L’image ci-dessus montre l’un des pires moments de l’histoire française : l’entretien qui a eu lieu à Donchéry entre Napoléon III et Bismarck, suite à la défaite de 1870. 

Mais je ne l’affiche pas pour vous rappeler un évènement que vous connaissez déjà trop bien.

Ci-dessous est une photo de votre président actuel à la rencontre de la chancelière allemande, Mme Merkel.  Croyez-moi, mon but n’est certainement pas du tout de comparer, comme certains ont fait, Sarkozy avec Napoléon III et Merkel avec Bismarck.


Ce que je voudrais, c’est plutôt que nous imaginions la langue employée dans les deux entretiens.

Dans le cas de Sarkozy et Merkel, on peut tout simplement se servir de la logique. Merkel parle deux langues étrangères  : l’anglais et le russe. Sarkozy, lui, ne parle que son anglais qui est, selon les méchants, épouvantable. On pourrait donc conclure que les deux font de leur mieux avec leur anglais et que ce n'est pas  la langue de Shakespeare. Ce serait plutôt le « globish » qu’ils emploient ensemble.

Par contraste, s’il avait été possible d’être à l’écoute de Bismarck et Napoléon III, notre expérience aurait été bien différente. On les aurait entendu parler en français, fort probablement. Et très bien d’ailleurs. Ils auraient pu également recourir à l’anglais, que ces deux grands personnages du 19e siècle connaissaient bien.

Alors, que penser de ces deux scènes ?  Quelles conclusions doit-on en tirer ?  Devrait-on croire qu’au fil des décennies la connaissance des langues étrangères s’est dégradée ? Pas du tout.  Au 19e siècle seulement l’aristocratie maîtrisait les langues étrangères, car dans le monde à part qui était le sien, il fallait partager une langue commune.  Pour des raisons historiques, cette langue était le français.  Dans le 20e siècle, au fur et à mesure que la classe moyenne s’est élargie, que l’éducation publique s’est améliorée et que c’est devenu de plus en plus facile de voyager à l’étranger, l’enseignement des langues étrangères s’est lui-même généralisé à un tel point que la majorité de la population européenne, ou presque, possède quelques connaissances de plus d’une langue. Cependant, la mondialisation, la croissance du tourisme, l’héritage de l’Empire britannique et le triomphe du libéralisme à l’anglo-saxonne ont permis à l’anglais de devenir la langue universelle.  Le français se trouve aujourd’hui au deuxième rang.

Je me dois de remarquer que pendant au moins trois siècles, le français avait été un lien culturel qui traversait les frontières européennes, alors que l’anglais s’est propagé (beaucoup plus récemment) au travers du commerce, plus précisément du capitalisme effréné qui a vu le jour en Amérique pendant les années 80 et qui a été adopté depuis lors par les pays émergents.

Je pense que ce n’est donc pas par hasard que le chancelier Bismarck et l’empereur Napoléon III s’entretenaient en bon français pour que la France ait pu se rendre et l’Allemagne ait pu devenir une nation, et qu'en revanche Merkel et Sarkozy s’entretiennent en un anglais qui est forcément beaucoup moins élégant (du fait que Sarkozy ne maîtrise pas la langue, je le reconnais) afin de gérer une crise économique sans fin, dont les résultats éventuels sont à la fois inconnus et effrayants.

lundi 9 janvier 2012

Les Armes et la nation

L’Amérique est bien connue comme le pays des « cow-boys ».  Lorsqu’il faut régler un différend, nous sommes les premiers à recourir aux armes à feu.  Les statistiques le démontrent : 5,6 meurtres commis pour 100 000 habitants aux États-Unis contre seulement 1,7 en France.

On peut dire que les armes à feu font partie de notre identité nationale.  En voici des exemples.  Dans le
« Vieil ouest » de la légende on réglait les comptes avec des pistolets parce que les lois n’y existaient pas.  Passons ensuite aux pionniers du 19e siècle qui, souvent avec les seuls fusils à chasse, ont vaincu ou au moins ont fait fuir les Indiens.  Et au 20e siècle, nos mafias se battaient à tirs de mitrailleuses.

Or les armes jouent un rôle mythique dans l’histoire américaine.  Et je n’ai même pas encore fait état du deuxième amendement de la constitution américaine, qui quant à lui garantit à tout citoyen le droit de se doter d’une arme, que cette-dernière soit un pistolet de petit calibre ou bien un fusil de chasse.  Il y en a qui insistent sur une interprétation du second amendement qui donne le droit de porter des armes encore plus lourdes.

Du coup personne ne devrait s’étonner que le taux de criminalité aux USA reste très élevé par rapport à ceux des autres pays développés.  Et que beaucoup des délits soient commis moyennant une arme à feu.

Il existe quand même un fait curieux, notamment qu’en France (un pays où les armes à feu sont censées être mieux contrôlées qu’en Amérique) il y ait des zones de « non-droit », où même les forces d’ordre n’osent pas entrer.  Il y a quelques semaines un très bon article, « Je suis flic de banlieue », est paru dans Le Figaro Magazine.  Selon le reportage, dans quelques zones du « 9-3 », les policiers ne sont considérés que comme une bande comme les autres.  Les trafiquants de « stup » emploient des kalachnikovs.  Autant dire que ce à quoi la BAC départementale doit faire face, c’est la guérilla urbaine.

Or on peut facilement trouver des quartiers aux États-Unis, surtout dans les grandes villes (ou ce qui en reste, s’agissant de Detroit, dans le Michigan, ou Newark, dans le New Jersey) où même les habitants vous conseilleraient de ne pas tenter le hasard en y entrant. 

Il est également vrai que pendant les années 60 et 70, certains réseaux criminels américains disposaient des caches d’armes, dont des mitrailleuses et même pire.  Mais la situation actuelle en France, où les malfrats sont parfois mieux armés que la police, n’est plus celle que l’on trouve en Amérique.

Comment ça s’explique ?  D’abord, je sais très bien que, en matière de criminalité en France, il y a une explication pour la gauche et il y en a une pour la droite.  En tant qu’étranger j’hésite à prendre parti dans le débat. Et au fort risque de paraître esquiver la controverse tout à fait, je m’en tiendrai à une explication pour la présence de tant d’armes lourdes là où il ne devrait pas y en avoir - c’est-à-dire dans un pays comme la France où les lois sont censées les interdire.  La délinquance, je ne vais pas m’en mêler.

Il me semble que le problème, c’est que les frontières en Europe sont moins bien contrôlées qu’autrefois et en France, plus particulièrement, il y a tant de points d’entrée.  Est-ce possible que le laxisme judiciaire ait, lui aussi, contribué aux difficultés ?  Oui, ça se peut.  Cependant, il convient de noter que les prisons sont pleines à craquer et les armes ne cessent de traverser la frontière.  J’estime qu’il faut penser plus globalement pour s’attaquer aux racines du mal.  Pourrait-il être trop facile à se déplacer dans l’Europe des 27 ?