vendredi 31 août 2012

De quel pays s’agit-il ?

« ...des professeurs confrontés régulièrement à la violence des élèves, mais aussi - et c'est peut-être encore plus traumatisant - à l'agressivité des
parents... »

« Nous avons créé - et c’est terrible pour un pays comme le nôtre - des conditions (pour les profs) qui vraiment conduisent au découragement. »

« Nous savons tous que les enseignants ne sont pas assez rémunérés...par rapport au service qu’ils rendent à la société. »

La langue de ces citations est le seul indice qui nous permet de deviner ce dont on parle, notamment la situation souvent difficile des enseignants en France. (La première citation est tirée d’un reportage d’Armelle Lévy sur RTL, la seconde et la troisième ont été prononcées par le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, sur cette même antenne.)

Car si je les traduisais en anglais, je pourrais faire croire à mes collègues (moi aussi je suis prof ) qu’il s’agissait des conditions de travail pénibles qui affligent non seulement les enseignants américains affectés dans les établissements dits « difficiles », mais aussi dans les écoles publiques des quartiers plus favorisés.

Donc ce n’est que nos langues qui nous séparent dans ce cas.  Nous avons parfois les mêmes expériences.


mercredi 22 août 2012

¡Viva Mexico!



Une tendance préoccupante du français contemporain est l’usage des mots et expressions anglais là où, à mon avis, cet usage n’améliore aucunement l’argument de celui qui parle.

La cause de l’anglicisation du français s’attribue à la mondialisation et la dominance de la culture américaine en général.  Je crois que cette explication est correcte.

On s’attendrait alors à ce que l’espagnol mexicain soit lui aussi truffé d’anglicismes.  Le Mexique a été historiquement dominé par son grand voisin anglophone du nord.

J’y étais récemment pour un séjour éducatif.  J'ai lu tous les journaux majeurs, j'ai parlé beaucoup avec les Mexicains, j’ai écouté la radio. Je peux donc vous rapporter que les mots anglais ne s’utilisent pas autant en espagnol qu’en français. C’est vrai que je n'ai pu regarder la télévision mexicaine pendant mon séjour, et c’est fort possible que les animateurs de la télévision mexicaine se servent de l’anglais pour attirer l’attention de l’audience, comme on fait en France.

Je ne dis pas que l’espagnol mexicain est plus pur que le français, loin de là.  Je veux seulement montrer du doigt le fait que le français s'est laissé dominer par l’anglais, alors que le mexicain a trouvé les moyens de se défendre contre la lengua de los gringos

Ce constat ne m’apporte pas de joie.  Je suis plutôt écœuré par la triste réalité que l’anglais s’impose partout comme un rouleau compresseur, que la richesse de la langue de Molière est en train de se perdre.  Ce qui est pire, c’est que l’anglais n’est plus ce qu’il était en termes de richesse de vocabulaire et élégance d’expression.  Mais la lente dégradation de ma langue maternelle fera l’objet d’un futur article.

mercredi 8 août 2012

L’Énorme importance de la France



Le premier anniversaire de ce blog vient de se célébrer.  Je crois donc que c’est le moment opportun pour remercier les lecteurs qui ont laissé des commentaires encourageants et démontré leur fidélité.  Bien sûr, je suis ravi que des Français non seulement aient lu mes propos, mais aussi les aient appréciés, quoi que le français ne soit pas ma langue maternelle et que je sois de nationalité américaine.

Je saisis cette occasion aussi pour vous rappeler les raisons pour lesquelles j’écris mes articles.  Tout simplement, je suis de l'avis que la France est unique au monde, d’autant qu’il n’y a pas d’autres pays qui disposent d’un tel patrimoine culinaire, artistique, littéraire et linguistique, qui en même temps continuent à tant peser sur la scène mondiale sur le plan économique et diplomatique.  Qui plus est, la France est presque le seul pays capitaliste majeur qui tente de résister au modèle économique libéral.  Les pays émergents suivent l’exemple anglo-saxon à tout va et les pays du sud de l’Europe n’arrivent plus à soutenir leur système d’allocations sociales.  L’Allemagne, malgré sa puissance économique indéniable, reste réticente devant la possibilité de projeter son influence, pour des raisons historiques bien connues. Les pays scandinaves, eux, ont bien réussi à ériger une espèce de forteresse contre la crise en se tenant à l’écart de la zone euro (sauf la Finlande bien sûr). En même temps il est clair que la Suède, la Norvège, le Danemark et la Finlande ne jouent pas le même rôle en Europe que la France et en paraissent par ailleurs très contents.

Bref, j'estime que la France ne cesse de fasciner sous bien des aspects.

Bien que la France et l’Amérique soient bien différentes l’une de l’autre et que la rivalité entre elles parfois reste forte, je n’aurais jamais commencé ce blog si je n’avais pas aperçu bien des points communs entre les deux pays.  Et la France et les États-Unis subissent la délocalisation, l’immigration en masse, la délinquance et des bouleversements culturaux, pour faire une liste non exhaustive.  C’est une évidence que tous ces changements n’agissent pas de la même manière sur votre pays et le mien.  C’est indéniable pour autant qu’une analyse du débat sur l’identité nationale en France, par exemple, peut bénéficier de l’expérience américaine en ce qui concerne ce même débat. En revanche, j’estime que vous avez le droit de nous faire la leçon dans beaucoup de domaines, dont l’assurance santé et l’équilibre entre le travail et la vie familiale.

Le fait que si peu de mes compatriotes soient enclins à prendre les idées françaises au sérieux (à part une tout petite tranche de la société américaine
« boboïsée » qui se targue d’imiter certains aspects de votre culture) ne me dissuadera jamais de faire état de tout ce qu’il y a de vertueux chez vous.  En même temps, j’espère que vous pardonnerez ma franchise si les circonstances parfois m’obligent à dire des choses qui soient, de votre point de vue, déplaisantes.