mardi 27 décembre 2011

Devinez le pays


L’extrait suivant est tiré d’une chronique radio récente qui avait pour sujet la politique d’un certain pays occidental :  « L’enquête dessine une  (nom du pays en question) indignée, en colère, habitée par un sentiment d’injustice, d’inégalité croissante entre les riches et les pauvres, et qui a envie de le faire savoir haut et fort.  Les (habitants du dit pays) jugent que les politiques ne sont pas suffisamment à la hauteur de la crise, trop dépendants des marchés, peu enclins à réduire les inégalités, ou à taxer les transactions financières. Du coup, cette tentation populiste est forte. Les puissants sont dans le collimateur… »

Pouvez-vous deviner le nom du pays dont on parle ? Seul le pronom indéfini féminin « une » dans la première phrase nous offre quelques indices.  Mais je parie que vous n’arriverez pas à déterminer le pays auquel le texte entre guillemets fait référence.  Car le mécontentement de l’électorat de ce pays, ainsi que les raisons pour lesquelles les participants à cette enquête ont exprimé tant de colère seraient quasiment les mêmes dans n’importe quel pays de l’occident touché par la crise.

En l’occurrence, (je m’aperçois que vous ne pouvez plus supporter la tension de ne pas savoir le nom du pays entre parenthèses dans l’extrait ci-dessus), cette chronique était par Jean-François Achilli, diffusée le 21 décembre 2011 sur France Inter.  Les résultats de l’enquête citée dans la diffusion de M. Achilli (réalisée par l’Institut Médiascopie) ont été eux-mêmes publiés dans Le Monde.  Donc c’est possible que vous, les lecteurs de ce blog, ayez su d’avance qu’il s’agissait de la France, laquelle est d’ailleurs l’un des pays les plus pessimistes du monde entier, selon des informations que je viens d’écouter sur RTL.

Et pourtant une telle enquête, réalisée auprès d’un échantillon d’électeurs espagnols, italiens, ou même américains auraient rendu quasiment les mêmes réponses.

mardi 20 décembre 2011

Un Quiz


Savez-vous en quoi la société française est différente de celle des États-Unis ? Comment se ressemblent les deux pays l’un à l’autre ?  Jouez à ce quiz à réponses multiples pour tester vos connaissances sur le sujet.

1. Les violences criminelles, dans quel pays se sont-elles plus ou moins banalisées ?

A) La France
B) Les États-Unis
C) Le Mexique
D) Le Canada

La bonne réponse est « B ».

Explication :
Malgré l’augmentation du taux de criminalité en France, les actes criminels arrivent encore à susciter une assez forte réaction chez les Français, alors qu’aux États-Unis, plus de 50 ans de délinquance des mineurs, fusillades fréquentes dans les quartiers pauvres et même en dehors d’eux, une culture qui se résigne aux résultats pas du tout souhaitables de notre droit consitutionnel de porter des armes sur soi ont tous produit un milieu social où le crime n’étonne plus, même s’il s’agit des violences les plus affreuses.

Les conditions de guerre qui sévissent au Mexique ont rendu l’indifférence à la criminalité quasiment impossible, car là-bas personne ne peut vraiment s’en éloigner, sauf les plus riches du pays.  S’agissant du Canada, voilà une société bien plus paisible que celles de la France, des USA., ou du Mexique.  Il est quand même curieux que le hockey sur glace ait pu s’y établir.

2. Quel est (quels sont les) le pays où la classe moyenne se trouve la plus précarisée, voire prolétarisée à cause de la double peine de la concurrence des pays émergents et la crise financière ?

A) La France
B) Les États-Unis
C) La France et les États-Unis
D) La Suède et la Norvège
E) L’Espagne

La bonne réponse est « C ».

Explication :
L’Espagne a souffert de la crise plus que tous les autres pays européens (sauf la Grèce, bien entendu).  Mais c’est sa bulle immobilière qui a plutôt provoqué ses difficultés.  C’est vrai qu’il y a aussi eu une bulle immobilière aux États-Unis, dont l’explosion a été une très rude épreuve pour la classe moyenne.  Cependant, la désindustrialisation et les délocalisations (la pile et la face de la même pièce) sont la vraie base de la galère économique que la France et les États-Unis subissent actuellement.  Depuis 25 ans nos pays ont vu disparaître la plupart de nos usines et avec elles, le moteur qui a transformé la classe ouvrière et lui avait permis d’entrer dans la classe moyenne.

Évidemment, la Norvège et la Suède ont évité le pire des bouleversements économiques de ces dernières années, la première disposant des réserves importantes de pétrole, la deuxième étant parvenue à renouveler son industrie, à l’instar de l’Allemagne.  Donc
 « D » est la réponse la plus correcte.

3. Quels sont les deux pays qui, grâce au niveau des élèves qui viennent des milieux sociaux les plus favorisés, se maintiennent un classement des systèmes scolaires dans la moyenne de l’OCDE (ils en auraient reçu un d’encore plus bas autrement) ?

A) le Canada et la Finlande
B) la Chine et la Corée
C) le Brésil et le Mexique
D) la France et les États-Unis
E) l’Allemagne et l’Italie

La bonne réponse est « D ».

Explication
Les réponses « A » et « B » peuvent être éliminées d’emblée, car les quatre pays qui y sont nommés se trouvent tous au-dessus de la moyenne de l’OCDE en lecture, en maths et en sciences. « C » n’est pas la réponse correcte pour des raisons contraires :  le Brésil et le Mexique sont en dessous de la moyenne de l’OCDE.  L’Italie et l’Allemagne, elles, ont amélioré leurs performances éducatives et l’Allemagne a spécifiquement réussi à améliorer le niveau de ses élèves en difficulté, contrairement et à la France et aux États-Unis, pays où, au fil des ans, un écart s’est creusé entre l’élite et les couches populaires.

vendredi 16 décembre 2011

Bref

Les Français sont trop râleurs et les Américains ne le sont pas assez.

mardi 8 novembre 2011

Si j’étais français...

Je suis sympathisant du centre-gauche.

Et pourquoi le centre-gauche ?  Je suis conservateur en ce qui concerne les institutions publiques et gouvernementales : l’école, le service policier et judiciaire.  Je suis même très conservateur en matière de culture : l’alimentation, l’usage correct de la langue anglaise, la politesse.  Du coup on pourrait bien s’attendre à ce que je sois inscrit dans le Parti républicain, car c’est la droite qui se vante de défendre tout ce qui représente les valeurs traditionnelles du pays. 

Cependant, les propos outranciers de la droite ont rendu impensable mon adhésion au Parti républicaine.  Je me réfère à leur refus de croire au réchauffement climatique, leurs idées économiques injustes ou insensées (par exemple, la baisse d’impôts, à elle seule, pourra créer de l’emploi), leur positionnement politique comme défendeurs du peuple tout en se servant des lobbys puissants pour faire imposer un programme qui, lui, nuit (à mon avis) aux intérêts des Américains moyens (l’hostilité des Républicains envers les syndicats est frappante et depuis que le PR est à la majorité dans les gouvernements de quelques-uns de nos états, il n’a cessé de contester les droits syndicaux des fonctionnaires, instituteurs, etc.)

Mais si j’étais français, je serais plutôt sympathisant du centre-droit.

Comme j’aimerais bien déclarer de tout mon cœur ma loyauté éternelle pour la gauche française ! Mais c’est mon cœur qui m’en empêche.  Le président sortant a échoué de faire réduire la délinquance des mineurs, par exemple.  Mais au moins il a tenté de le faire.  Et la gauche, ferait-elle face au problème des zones de non-droit d’une manière décisive ?

Je ne veux pas dire que les forces de l’ordre ne devraient se servir que des canons à eau pour supprimer les émeutes.  Il faudrait plutôt un programme qui, au fil des ans, s’attaque aux racines de la criminalité de tous les côtés, qui par ailleurs emploie tantôt de la fermeté, tantôt des mesures éducatives. Autrement dit, je conseillerais une attitude droitiste envers la criminalité, mais en même temps je tirerais en quelque sorte mon chapeau à la gauche sachant que les seules mesures dures ne suffiront jamais à résoudre le problème.  Je reconnais que la gauche, elle, a de bonnes idées à contribuer et j’en prendrais librement si j’étais ministre de l’intérieur  ( ! ). Cependant, il convient de souligner que ce serait un élu du centre-droit qui emprunte des  idées à la gauche qui y réussirait et pas l’inverse.


Je passe maintenant à un autre sujet fâcheux, l’immigration.  Je ne me crois pas être forcément mieux placé pour y revenir, en tant qu’Américain.  Cependant, je crois pouvoir offrir une autre perspective du fait que l’immigration fait partie de notre identité nationale.  Je sais que l’identité nationale, elle, a produit encore un clivage droite-gauche chez vous. Le FN en a quasiment fait la base de leur programme, donc il y a de quoi s’en méfier.  Pourrions-nous tout de même convenir de quelques faits ? Le premier : il y a une culture française qui est en passe de perdre ses traits marquants face à la vague mondialisatrice qui cherche à effacer les coutumes et pratiques anciennes de la planète ; le second : il y a aussi une identité française qui comprend et la culture linguistique, alimentaire, etc. de la « France profonde » et les contributions des peuples des anciennes colonies.

Cela étant, aucune nation ne peut supporter le communautarisme à long terme.  Deux systèmes de valeurs ne peuvent exister côté à côté sans que le conflit en soit provoqué.  La France et les États-Unis ont tous les deux réussi à assimiler des étrangers pendant des siècles. Mais j’estime que le pays qui les accueillent a absolument le droit de leur demander de s’intégrer.  Cela ne veut pas dire que les immigrés doivent arracher leurs racines, loin s’en faut.  Et le droit de pratiquer leur religion est absolu.  Cependant, le respect aux lois du pays doit, lui aussi, être absolu.

Pour être juste, l’immigration devrait s’effectuer selon des règles.  Je crois que la réglementation de l’immigration apporte des bénéfices à tous les acteurs concernés.  Plus le nombre d’immigrés est conforme aux besoins du marché du travail du pays, plus et le pays et les immigrés eux-mêmes en bénéficient.  L’ouverture des frontières européennes depuis les années 90 a créé des opportunités, mais elle a aussi entraîné des ennuis.  Un retour au système douanier qui régnait avant 1989 n’est plus souhaitable économiquement, toutefois les réseaux de cambrioleurs de provenance étrangère qui se sont établis en France ces dernières années ne le sont pas non plus.


La gauche française a des idées attirantes.  Mais je trouve qu’elle préfère être floue plutôt que de s’affronter à certains défis tels l’échec scolaire, la criminalité, etc. Le feuilleton du quinquennat du président sortant n’a pas rapporté de la gloire à la république française.  On aurait été content que M. Sarkozy eût choisi de réaliser une poignée de bonnes idées au lieu d’en rater des dizaines par maladresse et faute de patience.  Cela dit, la voie offerte par un programme qui prend les meilleurs propos de la droite, tout en gardant le respect aux bonnes idées de la gauche, me semble la mieux placée pour résoudre les difficultés de la société française contemporaine.


 

mercredi 28 septembre 2011

Pour être élu président des USA, ne fais pas savoir que tu parles une langue étrangère!

J'aimerais bien me faire élire président des États-Unis.

J’ai toutes les qualifications qu’il me faudrait : j’ai plus de 45 ans, je suis né aux USA et je suis citoyen du pays.  Je n’ai commis aucune infraction criminelle non plus.

Il n’y a qu’un tout petit inconvénient - je parle français.  Pis, je fais de mon mieux de supprimer mon accent américain (parfois avec succès).

Or dans la plupart des pays du monde, les connaissances des langues étrangères sont considérées comme un avantage.  Je crois que Angela Merkel parle deux langues étrangères assez bien, par exemple.  L’anglais est la langue commune des affaires et dans le monde contemporain, la diplomatie.  Il est vrai que l’anglais de votre président est hésitant, mais il a des ministres et des aides qui sont plus fort en anglais et Sarkozy peut en dépendre pour naviguer dans les sphères diplomatiques.

Aux États-Unis des connaissances des langues seraient pourtant un boulet.  Un peu d’espagnol serait permis auprès du public américain, le Mexique étant un pays limitrophe (Jimmy Carter le parlait suffisamment bien pour faire des discours en cette langue, pendant les années 70).  Mais un candidat présidentiel américain quelconque qui parlait français couramment n’arriverait jamais à se faire élire.  La langue française, bien parlée, suscite le mépris du peuple pour tout ce qui lui est étranger, et plus précisément, pour la France.  C’est comme si on ne peut être citoyen loyal de l’Amérique en même temps que l’on porte son regard à une culture qui n’est pas la sienne. Et en 2004, établir un lien, pour petit qu’il soit, avec la France, pays qui a eu la hardiesse de ne pas soutenir la guerre en Irak en 2003, aurait été du poison dans le cadre de la politique américaine de l’époque.

Si l’on revient aux présidentielles américaines de 2004, on voit très bien les caractéristiques nationales que je viens d'évoquer.  Certains partisans des Républicains (le parti de la droite) disaient que le candidat des Démocrates (John Kerry, le sénateur du Massachusetts) avait l’air d’être français.  Ils ont fait l’analyse de sa physionomie et en ont conclu que Kerry était plus français qu’américain.  Son visage révélait la lâcheté, la faiblesse, ils précisaient.  L’électorat ne pouvait se fier à cet homme en temps de guerre, selon eux.  « Et si vous ne croyez pas que John Kerry soit plus français qu’américain, nous vous rappelons qu’il est allé à une école suisse dans sa jeunesse.  Il y a appris le français et le parle bien d’ailleurs. » Un pourcentage significatif des Américains y ont cru.

Le peuple américain n’avait plus besoin de preuves du manque de patriotisme de la part du candidat des Démocrates et George Bush a facilement remporté en 2004.  Bien sûr, l’aspect « français » du sénateur Kerry et ses connaissances de la langue française n’étaient pas son seul handicap à la campagne.  Mais la francophilie dont Kerry était soupçonné ne l’a pas aidé du tout à convaincre l’Americain moyen que ce nanti qui, lui, disposait d’une maison de campagne en France, serait le candidat le plus fort en ce qui concernait la sécurité et la guerre contre le terrorisme.  Les Républicains ont réussi à faire croire aux Américains que George Bush était le vrai Américain de souche des deux candidats.

Certes, il y a des commentateurs français qui doutent du patriotisme des Français qui parlent bien l’anglais.  Il y en avait un (que j’admire beaucoup) qui disait que Christine Lagarde était « une Américaine dans une enveloppe française ».  Il en rajoutait sûrement.  Mais un homme politique français qui parle une langue étrangère, qu’elle soit l’allemand, le chinois, etc., ne provoquerait pas autant de polémique que l’on rencontrerait aux États-Unis dans un cas pareil.

samedi 17 septembre 2011

Le Capitalisme et ses trois fils: une fable

En 1989, lorsque le Communisme fut définitivement vaincu, son ennemi héréditaire, le Capitalisme, épousa finalement son amant, la Liberté.

Les conjoints eurent trois fils, l’un après l’autre, pendant les trois premières années de leur mariage.

Malheureusement, la naissance du dernier fils produisit la mort de la mère.  Le père fut donc laissé seul à élever les petits garçons.  Le père était naturellement fortuné, ayant les moyens d'embaucher un nounou pour chaque fils.  Mais il incomberait à lui seul de leur enseigner la morale.

Il n’y réussit pas du tout.  Le premier né se montrait très irrespectueux, en fait il était un vrai garnement, impossible de contrôler.  Le second fils était las, d’un aspect toujours maussade.  Le plus petit, c’était un enfant un peu gâché, intelligent mais espiègle.

Ce dernier incarnait le capitalisme à l’anglo-saxonne.

Et avant 2008, tout le monde le trouvait charmant. Surtout le père.
« Regardez, disait-il, comme mon premier né est tellement intelligent. Il exporte sa capacité industrielle, tout en s’enrichissant au secteur financier et immobilier. C’est impressionnant, n’est-ce pas? »

Cependant, l’enfant terrible n’impressionnait pas tous les invités, surtout ceux de la gauche, ces derniers étant fort troublés des inégalités sociales que le jeune génie fit naître. En tout cas, en 2008 la maladresse du benjamin de la famille produisit un désastre effrayant. Ses créations, la City et Wall Street ne nous livrèrent que des richesses illusoires. Le père, comme vous pouvez imaginer, était déçu, mais ne punit pas son dernier fils, son favori, qu’il tant aimait.

Alors, le jeune maître déclencha la crise dont nous souffrons toujours aujourd’hui. Et il n’en a toujours pas souffert les conséquences.

Le deuxième fils, à vrai dire, était le moins aimé du père. Celui-ci représente le capitalisme européen.

Pendant sa petite enfance, il semblait qu’il devienne fort, mais au fil des ans il perdit son énergie.  À l’école, il ne participait jamais aux jeux.  À la récré il restait seul, adossé au mur, le regard morne ou parfois hautain.  Ses camarades de classe se moquaient de lui, mais il s’en fichait.

À nos jours ce jeune homme présente un aspect blême.  En dépit de son intelligence il reste moins ambitieux que ses frères. Il a l’esprit d’un vieillard, rappelant le vieillissement démographique de son continent.  Il déteste les jeux de chance dont le benjamin est si friand, tout en dépensant tant d’argent pour maintenir sa santé qu’il a fini par être le plus endetté des trois frères.  Des trois frères il est par ailleurs le moins habile en matière de création de l’emploi.  Cependant, il impose des taxes lourdes, mais pour autant n’arrive jamais à combler son vide budgétaire.

Le père tolère son deuxième fils, mais ne ressent aucun amour pour lui.  Les deux ne se sont échangé même pas un mot depuis des années.

Le fils aîné a quitté le foyer pour de bon.  Il a définitivement rompu avec les siens et n’en a plus besoin d'ailleurs.

Le premier né représente le capitalisme effréné des pays émergents.

Dès l’enfance, il ne se soumettait pas aux règles de la maison.  Il ne craignait point son père, il méprisait ses deux frères, gardant tout de même un respect caché pour le plus petit.

Il était sportif, jouant au rugby et au foot, mais le sport auquel il était le plus doué, c’était la boxe.  Il n’avait jamais pitié pour son adversaire.

La vieille de son 18e anniversaire, son père voulut lui inculquer la morale, mais la leçon échoua. « Il faut offrir un salaire juste à la main d’œuvre, disait le père.  Le fils ricanait. Il ne faut jamais piquer les secrets industriels aux concurrents et tu dois respecter les brevets, le père continuait.  Encore un ricanement de la part du premier fils. « Et maintenant tu vas me faire un discours sur l’environnement? demanda le goguenard.  Ce n'est pas la peine.  Quant  à l’environnement je m’en fous.  Le but des affaires, c’est d’en tirer le plus de bénéfices possibles, peu importent les coûts humains ou environnementaux.  J’ai vraiment honte d’être ton fils, » s’écria le fils prodigue.  Et en claquant la porte, le premier fils du Capitalisme quitta la maison familiale pour jamais.  Or qui aurait cru que le père et le fils partageaient le même ADN?

Aujourd'hui, le pauvre père est en retraite.  Il vit tout seul, pensant avec une amertume obsédée aux dérives de ses fils.

mardi 2 août 2011

Les Français et les Américains et leurs modes de commenter sur l’internet

La manière dont on se plaint dépend un peu du pays où l’on habite.

L’internet a évidemment déclenché un torrent d’opinion de la part de ses usagers.  Et beaucoup d'observateurs ont fait état du caractère anonyme des commentaires laissés sur les sites des journaux, magazines, etc., et constatent que cet anonymat, en cachant l’identité de l’envoyeur, permet à ce dernier de s’exprimer d’une façon parfois démesurée.  Cette tendance outrancière que l’Internet a fait naître est dèsormais difficile de supprimer; elle se voit dans tous les pays qui disposent d’une connexion internet et où il existe aussi le droit de s’exprimer librement. Toutefois, l’internautes peuvent se distinguer les uns des autres selon leur nationalité.  Ici je tenterai de distinguer l’internaute américain de son homologue français.

Tout d’abord, voici en quoi les internautes des deux pays se ressemblent: ils ont de la haine pour ceux qui ne sont pas d’accord avec leur propos.  « C’est pas seulement tes idées que je déteste, c’est toi-même! » Comme un enfant à qui on a pris un jouet, quelques internautes (pas tous, bien sûr), enragent si l’on prend parti contre eux.  Mais les Français vont même un peu plus loin.  « T’es c.. de débiter de tels propos, et c’est à cause du pays où l’on habite (La France!)Pauvre France, qu’est-ce qui t’est arrivé que la gauche/la droite/ le PS/ le FN etc. ont permis à de si débiles pensées même d’exister.  Nos ancêtres auraient eu honte. »


La France s’est dégradée jusqu’à ne plus pouvoir se redresser, selon pas mal d’internautes français.

Nous, les Américains, ne lésinons pas sur la colère et haine.  Et nous dirigeons notre colère et notre haine envers ceux qui, à notre avis, ruinent le pays (chez les démocrates, ce sont les républicains avares, surtout le Tea Party; chez les républicains, ce sont les démocrates, toujours dépensiers).  Mais, chez nous, l’idée qu’il y a quelque chose qui cloche dans le pays lui-même, c’est presque un tabou.  L’épithète « république bananière » que l’on voit si souvent sur les pages de lefigaro.fr, est peu usité aux États-Unis.

L’Amérique est en forme, c’est l’autre parti politique qui est malade.

jeudi 28 juillet 2011

L’anglais: langue dominante et pour autant appauvrie

Quoi qu’anglophone, j’aimerais bien que le français devienne la langue commune mondiale.

Évidemment, ça ne va pas arriver.  Pour des raisons historiques, et en vue de certaines tendances culturelles dont tout le monde est bien conscient, c’est l’anglais qui, au fil du temps, a remplacé le français dans la diplomatie et le monde des affaires.

Cependant, il convient de noter qu’ à l’époque où le français était la langue partagée par les élites du vieux continent, et la pensée et la culture françaises étaient les plus influentes (entre 1700 et 1918), l’anglais, lui aussi, était en meilleur état qu’aujourd’hui.  Les auteurs anglais et américains employaient un vocabulaire plus riche, les hommes politiques des tournures plus poétiques. L’homme de la rue s’exprimait mieux, qu’il s’agisse de l’Angleterre ou de l’Amérique.  Les discours de notre président Lincoln font partie à juste titre de notre patrimoine littéraire. Ceux de nos présidents plus récents sont moins mémorables.

Or c’est fort possible que toutes les langues du monde se soient dégradées ces dernières décennies, au fur et à mesure que l’expression orale et écrite a perdu de l’importance. Mais l’anglais est un cas à part.  Il se peut qu’en réussissant à dominer, l’anglais se soit arraché de ses racines.  L’anglais, comme le français, a un terroir, et comme un aliment que l’on tente de recréer loin de son lieu d’origine, il n’a plus le même goût.


mardi 19 juillet 2011

La Mondialisation des modes de vie alimentaires

Qu’est-ce que la mondialisation de la cuisine et des modes de vie alimentaires et qu’en sont les dangers?

La mondialisation du marché du travail apporte des menaces dont tout le monde est conscient: la délocalisation des usines notamment et le déclassement qui en est le résultat.  Certes, l’emploi occupe à juste titre une place prioritaire dans toute planification économique.  Dommage qu’aux États-Unis, ni les Démocrates ni les Républicains ne s'en soient vraiment pas chargés, chacun préférant crier « le chômage, c’est de ta faute » sans s’adresser aux causes réelles de notre faiblesse économique : le décalage entre les connaissances apprises à l’école et les besoins des entreprises, la difficulté de faire concurrence aux pays émergents, vu que l’ouvrier moyen au Mexique, par exemple, gagne moins que la moitié de son homologue américain (en Asie, ce n’est pas mieux, évidemment!), le fait que, dans beaucoup d’entreprises, le profit des actionnaires est prioritaire, au lieu du recrutement de nouveaux employés.

Certes, on pourrait nous conseiller de nous adresser aux dites faiblesses structurelles de notre économie.  Il y a cependant un domaine économique où les Américains se sont bien distingués ces dernières années: l’innovation.

Chaque fois que nous introduisons un produit nouveau, ou une idée nouvelle (surtout si cette dernière porte sur la consommation) le monde entier s’en éprend. Faudrait-il vraiment énumérer toutes les inventions que nous avons fait naître, elles étant déja si connues partout dans le monde? Ces inventions, elles ont souvent un trait commun: elles rendent la vie quotidienne plus facile.  Les produits alimentaires surgelés, l’iPad, le supermarché libre service, la brosse à dents électrique, l’essoreuse - si tous ces produits et développements incontournables n’ont pas été inventés par des Américains, ce sont bien ces derniers qui les ont élaborés, les ont fait entrer dans la civilisation occidentale.

Je ne tente pas de juger la valeur de telle ou telle invention, je ne veux que remarquer que quelques inventions, souvent ménagères, souvent provenant de l’Amérique, font en sorte que la vie quotidienne devienne pareille, que l’on réside en France, au Japon, en Corée, etc. Elles généralisent l’expérience; elles la mondialisent en quelque sorte.  La culture, elle aussi, en devient mondialisée (je sais que je suis loin d’être le premier de commenter ce fait).

J'estime qu'il y a un lien absolu entre la mondialisation culturelle et industrielle et la tendance, à nos jours bien répandue en France, à prendre les repas sur le pouce.  Car la mondialisation, pour tous les bénéfices qu’elle soit censée nous apporter, cherche à transformer l’individu en consommateur, en machine à manger.  Et, compte tenu de ce constat, il y a une invention américaine qui, à mon avis, devrait vous concerner avant tout.  Je parle de la restauration rapide.  Ici il conviendrait d'établir le lien entre la mondialisation économique et la mondialisation de la table.

D'après les témoignages que j’ai lus, le travail n’admet plus une pause pour le long déjeuner traditionnel français.  Il y a plusieurs raisons qui expliqueraient ce phénomène.  En voilà une: aux pays émergents, une telle pause ne serait pas permise au travail (en Amérique non plus, par ailleurs).  Pour préserver la compétitivité du travail, il faut en adapter l’emploi du temps selon les usages des autres pays, pays où souvent moins de temps est consacré au repas.  Donc, beaucoup moins de temps pour le déjeuner qui se savoure, seulement le temps pour le wrap emporté en sac à papier.

Mais la solution, vous l’avez déjà trouvée: le MacDo, Quick et les autres grandes enseignes de la restauration rapide.  La restauration rapide est parfaitement adaptée au citoyen-devenu-consommateur.  En outre, en Amérique comme en France, on ne fait presque plus ses achats chez le petit commerçant (en France vous faisiez autrefois les courses à vélo ou à pied pour aller chercher du pain chez le boulanger, de la viande chez le boucher, etc.), on prend plutôt la voiture pour se rendre aux grandes surfaces.  Cette façon de nous approvisionner épuise l’âme en même temps qu’elle nous épargne quelques sous.  Et lorsque la fatigue et la faim nous arrivent, à coup sûr y aura-t-il un Quick ou un MacDo tout près.  On gagne du temps, on trouve des produits à vil prix, en perdant le patrimoine culturel du pays.

L’un des arguments des grandes enseignes de la grande distribution est que le bas prix vaut tout au consommateur.  Et jusqu’à présent, ils ont eu raison, d’autant que les grandes surfaces de plus en plus dominent le marché en Amérique ainsi qu’en France.  Nous adorons y dépenser nos salaires, quoi que ces derniers soient en pleine voie de diminution, souvent à cause de ces mêmes grands distributeurs, en partie.

Au train où vont les choses, la « douce France » ne survivra pas au blanchiment culturel qu’entraîne la mondialisation non seulement du commerce, mais aussi des modes de vie.  Une perte que personne ne devrait supporter.

jeudi 7 juillet 2011

La France : pays méconnu

La France porte pas mal d’intérêt à l’actualité et culture américaine: l’actualité politique et sociale, les stars du cinéma et nos séries télé, notre musique populaire, en passant par le basket et les gadgets les plus récents d’Apple dont tout le monde semble être épris.  Malheureusement, l’intérêt ne va pas en sens inverse.

Bien sûr, la France est le pays le plus visité au monde.  Et les Américains sont bien représentés parmi les dizaines de millions de touristes qui inondent l’Hexagone chaque année.

Mais ce qui nous intéresse, c’est votre patrimoine culturel, vos produits haut de gamme et la très jolie table que vous mettez.  Ce qui nous intéresse moins, c’est votre quotidien.  Un exemple parmi les exemples presque illimités que je pourrais citer, dans le film de Woody Allen qui vient de paraître « Minuit à Paris » les Français n’y figuraient guère.  Et les Français de tous les jours, pas du tout.

Quelle est l’origine de cette indifference ? Il y en a en effet plusieurs causes.

Tout d’abord, la langue française nous présente des difficultés.  Notre isolement géographique nous empêche de pratiquer les langues étrangères.  La prononciation du français nous est difficile.  Et puisque l’anglais est devenu la langue commune mondiale, encore une raison de moins pour maîtriser le français, en dépit de ses racines communes avec l’anglais.

Évidemment, ne pas avoir des connaissances de la langue du pays rendent difficile une connaissance profonde de ce dernier.

Chez notre élite il y a sûrement un engouement pour la France, ses produits alimentaires, ses jolis paysages, Paris, la Provence, etc.  Ça peut bien s’avérer.  Toutefois, chez les classes populaires et mêmes les classes plus favorisées parfois se discerne un certain dédain pour les Français. Cette attitude se manifestait pendant la polémique autour de DSK.  À coup sûr vous nous trouvez difficiles à supporter de temps en temps, mais voici une discussion que je ne veux pas entamer !

Si l’on est de passage dans un pays quelconque, pourquoi devrait-on se mêler aux problèmes quotidiens de ce pays ?  En appréciant les beaux manoirs, les beaux paysages, etc. de la France, pourquoi devrait-on penser aux cités, au déclassement de la classe moyenne française, aux enchevêtrements de panneaux de publicité qui abîment le paysage aux bords des grandes agglomérations et j’en passe ?  Les vacances ne sont pas faites pour avoir le cafard, je le sais.  Mais pourquoi pas aller un peu plus loin que le fromage artisanal (que j’adore et qui par ailleurs fait partie du patrimoine alimentaire de la France évidemment), les sacs à main LV, le Louvre, etc. ? Ce que l’on observe, c’est que souvent on visite la France sans en apprécier les rythmes de la vie quotidienne, sans se rendre compte que la France, ce sont les Français qui l’ont créée.

Pour finir, je reviendrai un peu sur notre isolement géographique, mais aussi mentionnerai-je notre position (dont nous avons joui entre 1945 et 1989) comme superpuissance militaire et économique. Si l’on est citoyen d’une telle puissance, qu’est-ce qu’il y a  à apprendre des autres pays ?  Tous les Américains ne partagent pas cette manière de penser et les Américains ne sont pas le seul peuple à se croire le centre du monde.  En tout état de cause, éloignés de l’Europe et ses guerres, voyant la pauvreté chronique de nos voisins du Sud (et nous y ingérant bien sûr !), nous croyions en notre propre sagesse.

Et il ne faut pas oublier la rivalité incessante entre la France et les États-Unis, l’amour-haine en alternance qui marque nos relations, surtout depuis 1945 (et depuis l’arrestation de DSK !). Notre dialogue sera toujours dénaturé par des malentendus, des clichés, des faussetés.