mercredi 26 juin 2013

Amazon.fr : cheval de Troie


Imaginez qu’une grande multinationale démontre de l’intérêt à ouvrir un gros entrepôt aux alentours d’une commune très touchée par le chômage.

Impossible de s’y refuser !  Avec tant de jeunes en mal d’emploi, personne n’a la patience d’examiner de plus près la qualité des postes promis.  Une embauche est une embauche !  Que l’entreprise vienne construire son entrepôt, notre jeunesse sera ravie d’y travailler.

Les contrats sont signés et l’entreprise (en l’occurrence, Amazon France) construit son entrepôt gigantesque pour assurer sa logistique dans la région.  La laideur du bâtiment devrait donner de quoi s’inquiéter, mais les autorités sont toutes touchées par l’aveuglement.

Les embauches promises s’effectuent : un millier de salariés travaillent désormais dans l’entrepôt de façon permanente.

Le temps s’écoule et les premiers bémols commencent pourtant à s’entendre.  Le rythme de travail soutenu est apparemment insupportable, selon les témoignages des salariés qui n’ont pas peur de s’exprimer.  Les salaires sont dérisoires.  L’ambiance au travail est lourde (c’est le moindre que l’on puisse dire). 

Les inquiétudes ne cessent de s’accumuler.  Amazon.fr emploie la vente au rabais pour étouffer la concurrence.  Les petites librairies se ferment.  Les réclamations du fisc envers Amazon, toujours pas résolues et dont personne ne se souvenait lorsqu’on signait les contrats, commencent à faire grincer les dents.

Au fil du temps on se rend compte que l’on aurait dû tirer une leçon de l’antiquité, car on s’est fait avoir tout à fait.  On a laissé se construire un cheval de Troie en 2013 !

samedi 1 juin 2013

La Gestion des enseignants des deux côtés de l’Atlantique

Lors d’une interview sur RTL le 22 mai, le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, a fait plusieurs préconisations concernant la gestion de l’école.  

M. Migaud a fait part de plusieurs constats qui m’ont retenu l’attention.  Dans un premier temps, il nous a rappelés que la performance de l’école française est médiocre par rapport à ce qu’elle était il y a quelques années (il aurait pu également dire « l’école américaine »). Ce fait n’offre pourtant rien d’étonnant : je
sais que M. Migaud a des chiffres à l’appui, mais tout de même il faut se méfier de la nostalgie.  Est-ce notre enfance ou l’école d’antan qui nous manque ?

Puis M. Migaud a fait état de l’affectation des enseignants les moins expérimentés, à savoir les débutants sont envoyés aux zones les plus difficiles, malgré les vœux de François Hollande (et ses prédécesseurs sans doute), tandis que les profs avec plus d'ancienneté sont affectés dans les endroits plus paisibles. Il serait plus efficace de mettre les profs les plus expérimentés (et donc endurcis) dans les ZEP.


Or, je
sais par expérience que l’enseignant en début de carrière qui doit tenter de gérer une classe difficile peut en sortir brisé.  Mais l’honnêteté m’oblige à avouer que même si j’avais eu bien plus d’expérience, je n’aurais guère fait mieux dans ma première affectation (dans un quartier défavorisé de New York).  J’estime qu’il faut s’interroger sur la solution proposée.  Est-ce réellement le niveau d’expérience des instits qui pose problème dans les collèges dits difficiles ? 

Et en France et aux États-Unis on a beaucoup de mal à faire le point sur les mauvaises conditions de travail des profs et le découragement que ces derniers subissent dans leurs premières années de service.  Je ne m’étonne pas que tant de jeunes professeurs commencent leur métier avec idéalisme, mais quittent l’enseignement après une ou deux années parce qu’ils n’en peuvent plus.