lundi 28 janvier 2013

La Fermeture du Virgin Megastore, la culture et le passage au tout numérique



Avec un peu de recul, on peut dire que la fermeture du Virgin Megastore sur les Champs-Élysées n’est qu’une étape sur la voie qui nous emmènera sûrement à l’extinction du magasin.  Le magasin, on nous dit, appartient au passé et l’avenir appartient au téléchargement.  Certes, on ne doit pas traiter le licenciement des employés à la légère, mais force est de reconnaître que l’e-commerce représente une part du marché de plus en plus importante.  Le clic de la souris est en passe de remplacer le « bonjour messieurs-dames » et ce n'est pas la peine d'y résister.

Tout d’abord, il faut accepter qu’il soit inutile de se plaindre de l’inévitable.  On a beau dire que l’e-commerce représente le manque de culture au sens strict du terme, étant donné que l’action de faire un achat sur internet est toujours identique et n’a rien à voir avec les coutumes et traditions du pays où l’on vient à être domicilié.  C’est un acte purement mécanique.  En revanche, l’expérience d'acheter en magasin en France est bien différente de ce qu'elle serait aux USA, Dieu merci.

Il faut dire pourtant qu'accepter sans y réfléchir tous les changements technologiques de nos jours ne satisfait pas non plus. L’écran remplit les yeux tout en vidant l’âme.  Mais la nostalgie pour un passé idéalisé est un piège, d’autant que se réfugier dans le déni ne résout rien.  Par ailleurs il faut se demander si la perte du Virgin Megastore représente une perte grave pour le patrimoine culturel de la France.

Je répète que je ne prends pas du tout à la légère le fait que les employés du Virgin Megastore soient mis sur le carreau.  Mais une grande enseigne britannique peut être remplacée par celle d’un autre pays (ose-je croire qu’un magasin français, excluant la grande distribution, puisse s'installer à l'ancien site de Virgin ?).  Vu que le Virgin Megastore se trouvait sur les Champs-Élysées, il ne faudrait pas longtemps pour qu'une autre entreprise le remplace.

Les temps changent et avec eux les goûts et les habitudes.  Les disquaires de ma jeunesse me manquent, mais qui ne devient pas un peu triste en pensant à sa jeunesse ?  J’ai été même surpris d’apprendre (grâce à la controverse autour de sa fermeture) qu’il existait encore un Virgin Megastore à Paris, car les magasins Virgin Megastore à New York avaient fermé il y a belle lurette. 

Par contre, une fermeture que j’accepterais avec beaucoup moins de sang-froid serait celle de la Librairie Gibert-Joseph*.  Le jour où cette chaîne de librairies fermera (et ce serait la faute au maudit téléchargement !), je serai en deuil.  Le Librairie Gibert-Joseph est l’expression pure de l’âme française. Si le téléchargement des biens culturels était la cause de la disparition du Virgin Megastore, maintenant que la liseuse ronge les marges de la librairie classique, la chère Librairie Gibert Joseph, dont je garde tant de beaux souvenirs, est également menacée et je m’en inquiète, comme vous devriez vous en inquiéter.

La prochaine fois que vous visiterez New York, je vous conseille d’rendre visite à la librairie Strand, l’une des dernières librairies à l’ancienne qui ait su survivre à ses concurrents de l'internet.  L’âme de New York y vit.

*Le lendemain de la mise à jour de cet article j’ai appris que plusieurs succursales de la Librairie Gibert-Joseph ont bel et bien fermé.


vendredi 4 janvier 2013

Idées reçues sur les États-Unis, première partie



Les États-Unis sont un pays puritain

Ce n’est pas le bilan de la présidence de Bill Clinton dont on se souvient aux États-Unis, ce sont plutôt ses frasques sexuelles.  Clinton n’a pas pu maîtriser ses pulsions, même dans le bureau ovale ;  le public américain en était scandalisé. Toutefois, à l’époque, The New York Times nous disait qu’en Europe en général et en France en particulier, personne n’aurait trouvé scandaleux qu’un président poursuive des relations sexuelles hors mariage.  Le journal américain de référence nous rappelait que votre François Mittérand avait maintenu toute une famille en secret.  Si nous avons éprouvé de l’indignation à l’égard de Clinton, c’était à cause de notre puritanisme.

Oui, je doute que mes compatriotes aient supporté la conduite de Sarkozy au début de son mandat : ayant terminé son deuxième ( ! ) divorce, il s’est marié avec une chanteuse franco-italienne. Quoi que le divorce en masse soit devenu la règle aux USA, les Américains attendent néanmoins l’exemplarité de la part de leurs élus.

Le taux de réussite du mariage américain fait preuve pourtant que le puritanisme que vous percevez depuis votre côté de l’Atlantique n’est que l’hypocrisie.  En ce qui concerne la vie privée, nous avons un beau idéal, duquel la réalité est bien loin.  Les chiffres dévoilent la vérité. La taux de fertilité des adolescentes aux USA, bien qu’en baisse, reste bien au-dessus celui de la France : 30 naissances pour 1 000 femmes âgées 15-19 ans.  Ce chiffre présente un contraste avec les sept naissances pour 1 000 Françaises du même âge ; il ne dessine pas un pays abstinent, je suis sûr que vous en conviendriez.  Si l’on se tourne vers la consommation de la drogue, les faits ne sont guère mieux : 20 % des collégiens américains auraient consommé du cannabis, 52 % de l’alcool.

Je conviens que les Américains méritent bien l’accusation de ne rien comprendre à la sexualité ; cela ne veut pas dire que nous n’en avons pas le goût : les sites pornographiques font un carton, les grossièretés polluent la radio et la télé, les adolescents et mêmes les enfants encore plus jeunes habitent un monde de plus en plus sexualisé auquel il est quasiment impossible d’échapper – les ados se voient poussés vers une conduite sexuelle à laquelle ils ne sont pas du tout prêts moralement.

J’espère que ces statistiques et exemples suffiront à vous faire voir que contrairement à ce que beaucoup d’étrangers pensent, le puritanisme ne caractérise plus l’esprit américain contemporain.  C’est plutôt l’affaiblissement des institutions sociales qui posent le danger.  L’ébranlement des socles sociaux marque l’esprit américain.  Ce ne sont pas seulement les mœurs qui en sont corrompues, mais tout le quotidien de notre pays.

mardi 1 janvier 2013



Joyeux nouvel an à tous qui prennent le temps de lire ce blog.  Merci de votre intérêt et de votre fidelité !