mardi 19 juillet 2011

La Mondialisation des modes de vie alimentaires

Qu’est-ce que la mondialisation de la cuisine et des modes de vie alimentaires et qu’en sont les dangers?

La mondialisation du marché du travail apporte des menaces dont tout le monde est conscient: la délocalisation des usines notamment et le déclassement qui en est le résultat.  Certes, l’emploi occupe à juste titre une place prioritaire dans toute planification économique.  Dommage qu’aux États-Unis, ni les Démocrates ni les Républicains ne s'en soient vraiment pas chargés, chacun préférant crier « le chômage, c’est de ta faute » sans s’adresser aux causes réelles de notre faiblesse économique : le décalage entre les connaissances apprises à l’école et les besoins des entreprises, la difficulté de faire concurrence aux pays émergents, vu que l’ouvrier moyen au Mexique, par exemple, gagne moins que la moitié de son homologue américain (en Asie, ce n’est pas mieux, évidemment!), le fait que, dans beaucoup d’entreprises, le profit des actionnaires est prioritaire, au lieu du recrutement de nouveaux employés.

Certes, on pourrait nous conseiller de nous adresser aux dites faiblesses structurelles de notre économie.  Il y a cependant un domaine économique où les Américains se sont bien distingués ces dernières années: l’innovation.

Chaque fois que nous introduisons un produit nouveau, ou une idée nouvelle (surtout si cette dernière porte sur la consommation) le monde entier s’en éprend. Faudrait-il vraiment énumérer toutes les inventions que nous avons fait naître, elles étant déja si connues partout dans le monde? Ces inventions, elles ont souvent un trait commun: elles rendent la vie quotidienne plus facile.  Les produits alimentaires surgelés, l’iPad, le supermarché libre service, la brosse à dents électrique, l’essoreuse - si tous ces produits et développements incontournables n’ont pas été inventés par des Américains, ce sont bien ces derniers qui les ont élaborés, les ont fait entrer dans la civilisation occidentale.

Je ne tente pas de juger la valeur de telle ou telle invention, je ne veux que remarquer que quelques inventions, souvent ménagères, souvent provenant de l’Amérique, font en sorte que la vie quotidienne devienne pareille, que l’on réside en France, au Japon, en Corée, etc. Elles généralisent l’expérience; elles la mondialisent en quelque sorte.  La culture, elle aussi, en devient mondialisée (je sais que je suis loin d’être le premier de commenter ce fait).

J'estime qu'il y a un lien absolu entre la mondialisation culturelle et industrielle et la tendance, à nos jours bien répandue en France, à prendre les repas sur le pouce.  Car la mondialisation, pour tous les bénéfices qu’elle soit censée nous apporter, cherche à transformer l’individu en consommateur, en machine à manger.  Et, compte tenu de ce constat, il y a une invention américaine qui, à mon avis, devrait vous concerner avant tout.  Je parle de la restauration rapide.  Ici il conviendrait d'établir le lien entre la mondialisation économique et la mondialisation de la table.

D'après les témoignages que j’ai lus, le travail n’admet plus une pause pour le long déjeuner traditionnel français.  Il y a plusieurs raisons qui expliqueraient ce phénomène.  En voilà une: aux pays émergents, une telle pause ne serait pas permise au travail (en Amérique non plus, par ailleurs).  Pour préserver la compétitivité du travail, il faut en adapter l’emploi du temps selon les usages des autres pays, pays où souvent moins de temps est consacré au repas.  Donc, beaucoup moins de temps pour le déjeuner qui se savoure, seulement le temps pour le wrap emporté en sac à papier.

Mais la solution, vous l’avez déjà trouvée: le MacDo, Quick et les autres grandes enseignes de la restauration rapide.  La restauration rapide est parfaitement adaptée au citoyen-devenu-consommateur.  En outre, en Amérique comme en France, on ne fait presque plus ses achats chez le petit commerçant (en France vous faisiez autrefois les courses à vélo ou à pied pour aller chercher du pain chez le boulanger, de la viande chez le boucher, etc.), on prend plutôt la voiture pour se rendre aux grandes surfaces.  Cette façon de nous approvisionner épuise l’âme en même temps qu’elle nous épargne quelques sous.  Et lorsque la fatigue et la faim nous arrivent, à coup sûr y aura-t-il un Quick ou un MacDo tout près.  On gagne du temps, on trouve des produits à vil prix, en perdant le patrimoine culturel du pays.

L’un des arguments des grandes enseignes de la grande distribution est que le bas prix vaut tout au consommateur.  Et jusqu’à présent, ils ont eu raison, d’autant que les grandes surfaces de plus en plus dominent le marché en Amérique ainsi qu’en France.  Nous adorons y dépenser nos salaires, quoi que ces derniers soient en pleine voie de diminution, souvent à cause de ces mêmes grands distributeurs, en partie.

Au train où vont les choses, la « douce France » ne survivra pas au blanchiment culturel qu’entraîne la mondialisation non seulement du commerce, mais aussi des modes de vie.  Une perte que personne ne devrait supporter.

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