dimanche 28 avril 2019

Le refus franco-américain du changement

Il n’y a pas de pays qui n’ait pas besoin de réformes et la France et les États-Unis ne dérogent pas à la règle. Le propos de ce blog a toujours été de trouver des points communs entre les deux pays et s’agissant de la résistance à la réforme, les Français et les Américains sont côte à côte en premier rang parmi les pays développés du monde. Et en France et aux USA toute tentative de réforme échoue ou presque. Les raisons du phénomène ont pourtant trait aux caractéristiques particulières du terrain.

Le peuple français montre toujours du respect pour sa tradition frondeuse en s’opposant à toute réforme proposée par le gouvernement, que celui-ci soit de la droite, de la gauche et à nos jours, du centre-libéral. Chaque réduction des allocations sociales, chaque changement du temps de travail, l’idée même de reculer l’âge de la retraite – voilà une liste non-exhaustive des incitations franco-françaises à descendre dans la rue.

Le gouvernement, est-il cependant méchant, ou se voit-il obligé à faire face à une réalité imposée par les lois de l’économie, voire les simples équations que tout écolier doit maîtriser ? La France n’a plus la capacité de maintenir l’État providence, mais les Français n’en ont cure. Ils persistent à vivre dans le déni, comme si on était toujours en plein temps de prospérité économique et l’état était capable de payer tous ses caprices.

Je viens de faire le portrait d’une nation où le gouvernement est le professeur et le peuple est le cancre. 

Aux USA, c’est l’inverse. Les Américains sont a priori plus vertueux que leurs dirigeants. Ils réclament, selon les sondages, la réforme de la fiscalité (en faveur des foyers modestes et non pas les multinationales), de la couverture sanitaire, de la réglementation des armes. Mais, à la seule mention du moindre engagement qui pourrait pousser la société américaine vers la solidarité, le Parti républicain invoque le « socialisme » (rien de pire pour la mentalité ultralibérale de la droite) et la hantise du Venezuela fait rentrer les brebis dans leur bergerie (notons bien que le Parti démocrate y est souvent pour quelque chose, d’autant que ses propositions de loi, quoi qu’elles aillent dans le bon sens, souvent manquent l’ambition qu’il faut)C’est une curiosité de notre carte électorale que la volonté d’une minorité puisse ainsi s’imposer (rappelez-vous que Hillary Clinton a recueilli plus de voix que Trump et a cependant perdu l’élection de 2016).

Les Français veulent une baisse des impôts pour la classe moyenne, tout en maintenant les services publics. La classe politique américaine baisse les impôts des plus riches et des grandes entreprises, sans tailler dans le budget militaire. Dans les deux cas, il n’y a pas assez de vertu civique pour faire fonctionner l’état sans recourir à l’emprunt massif.

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