jeudi 16 juillet 2015

La Réforme de l’école en permanence : vouée à l’échec

Å mon avis la réforme de l’école ne sert qu’à une chose : l’enfumage.  

Des deux côtés de l’Atlantique (mais particulièrement chez vous) l’école était jadis l’un des piliers de la société.  Aujourd’hui elle n'est plus malheureusement que la vitrine des maux de celle-ci. Il était une fois, l’école acculturait et assimilait (deux gros mots et en anglais et en français) ; elle était respectée. À nos jours l’école se voit obligée de s’incliner devant l’inculture et le rejet des repères communs.  Elle fonctionne, tant bien que mal, dans une société divisée, voire fracturée, ce qui veut dire souvent qu’elle n’arrive plus à réaliser sa mission.

L’école donc doit être réformée.

Et pourtant, malgré la lente dégradation de l’école (depuis 1968, il faut préciser), le ciel ne nous est pas tombé sur la tête.  La jeunesse française et américaine en sort suffisamment bien préparée pour...s’exiler en Angleterre ou au Canada  ou s’inscrire à Pôle emploi (s’agissant de la France) ou s’installer chez ses parents parce qu’il n’y a pas de travail assez bien payé (s’agissant des USA).  Mais nous restons respectivement la première et la cinquième puissances mondiales, tout comme pendant les Trente glorieuses. Comment l’expliquer ?

Dans un premier temps, les classes supérieures française et américaine tirent leur épingle du jeu.  Elles se réfugient dans l’école privée et pratiquent la ségrégation résidentielle, laquelle leur permet d’inscrire leurs enfants dans une meilleure école publique.  Elles ne pâtissent pas de l’inégalité des richesses qui sévit aux USA (mais de plus en plus en France aussi) - loin s'en faut : ce sont elles qui en bénéficient.
  

Cependant, L’Amérique et la France marchent malgré tout (tout comme les écoles près des meilleures adresses).  Les élites française et américaine ne sont peut-être pas à la hauteur des défis qu’elles doivent, d’une façon ou d’une autre, surmonter, mais elles gèrent nos beaux pays beaucoup mieux que la grande majorité des classes dirigeantes.  Autant dire que l’école fonctionne suffisamment bien pour éviter l’effondrement de la société. Dans un monde où il y a très peu de sociétés saines, ce n’est pas rien. 

Deuxièmement, la précarité n’est pas seulement la faute de l’école, elle est due plutôt à la mondialisation.  Si les fleurons de l’industrie française se font acheter par de grands groupes internationaux, l’école n’y est évidemment pas pour rien. Si la précarité nuit aux résultats scolaires, il faut chercher ailleurs que l’école pour trouver la solution. 

Quand nos élèves sortent de l’école, ils savent compter et lire assez bien pour se débrouiller dans un monde qui ne cesse de se transformer.

Les décideurs de la France (majoritairement diplômés des grandes écoles) et les USA (majoritairement diplômés de notre fameuse Ivy League) s’inquiètent de la condition de l’école. Ils veulent y porter remède. Mais chaque projet censé améliorer l’école finit par l’affaiblir (la récente réforme du collège en est un bon exemple). 

Pourquoi ?  Ils se refusent à voir que l’école n’est pas un problème pédagogique, mais sociétal.  Je ne sais pas comment il en est en France, mais aux USA les classes favorisées vivent à l’écart de la société.  Elles ont du mal à se faire une idée de la détresse qui afflige non seulement les classes populaires, mais la sacro-sainte classe moyenne.  On a donc tendance à prôner la solution technocratique là où la solution humaine serait plus efficace à long terme.  D’où la réforme des rythmes scolaires à l'école (France) et la remise à plat des examens de compétence en maths et lecture (USA). Il s’agit du bricolage éducatif.   

On ne peut faire état de la maladresse de la plupart des réformes scolaires sans remarquer que celles-ci aussi tendent toujours à tirer vers le bas. Ce n’est pas que la faute aux élites ; la société entière y est pour quelque chose.  Depuis les années 1970 on croit de plus en plus en la délicatesse de l’enfant.  Lui exiger beaucoup, c’est lui demander trop. La difficulté que posent certaines matières porte atteinte à la dignité de l’élève.  L’estime de soi l’emporte sur l’acquisition des connaissances de base. Qui plus est, l’excès de respect envers l’élève est même devenu une sorte de peur. Imposer trop de discipline à l’élève et ce dernier va se rebiffer, ou pire.

Aucune réforme scolaire ne réussira avant que l’on ne se débarrasse de ces notions nocives et erronées. 





1 commentaire:

  1. - Lorsque vous écrivez: "Il était une fois, l'école acculturait et..."
    A moins d'être une figure de style, il serait plus préférable d'employer l'Indicatif Passé Simple du verbe Être, ce qui donne: "Il fut un temps où l'école acculturait...". L'expression "il était une fois" en effet, bien que grammaticalement correcte est trop empreinte de l'effet de style qui renvoit inévitablement aux comptes et comptines, c'est à dire au récit ou à la narration et qui peut donc un peu destabiliser le propos si ce n'est pas souhaité. Cette expression encore, dans le contexte qui est le vôtre, aurait par exemple très bien eu sa place si elle avait été employée en en-tête ou en titre de paragraphe comme suit:
    "Il était une fois l'école..." (à la ligne et vous développez votre propos), ici on comprend de suite où vous allez en venir.

    - "A nos jours" n'est pas vraiment correct dans le texte, son juste équivalent est: "De nos jours"... Par contre vous pourrez toujours employer cette formulation en prenant un toast avec vos amis ou vos proches: "A nos retrouvailles!" ou "A nos amours!" ou encore de manière plus mélancolique ou soupirante: "A nos actes manqués" ect..., bref dans un contexte bien précis et en tout cas peu commun.

    Après avoir osé amicalement vous faire la leçon, ceci bien sûr pour parfaire votre excellence de polyglotte accompli tout autant que pour réhausser au passage mon estime de monoglotte normatif, juste quelques réflexions sur votre développement. Si l'école fonctionne suffisamment pour éviter l'éffondrement ce n'est peut-être pas juste là le fruit d'un savoir-faire particulier mais peut-être est-ce encore là le juste calcul de ce qu'il faut juste, pour maintenir le système à flot sans toutefois aller au delà de ce qu'il n'en faudrait pour le mettre en danger... http://goo.gl/HWkcmU

    Nivellement mondialisé donc par le bas pour ceux d'en bas, et écrêtage globalisé par le haut pour ceux du sommet, avec au centre la classe moyenne prise en étau dans le goulot d'étranglement du sablier qui s'est substitué à l'ordre ancien pyramidal, avec pour seul mérite de soutenir seule héroïquement la folle machinerie-machination, jusqu'à ce qu'elle ne ploit enfin et ne cède sous le poids des contradictions de la matrice. Avec en fin de course: la Révolution une fois de plus...

    Sinon, votre billet m'a irrémédiablement fait pensé à un autre billet, d'un autre blogueur lui, à propos d'un autre thème cette fois-ci, et dont je vous communique le lien; vous devriez y trouver des résonnances analytiques certaines ainsi que des médiations judicieuses: http://goo.gl/MDqON

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