dimanche 26 janvier 2014

Le Journal de 23 h

Ici nous avons une tradition de la télévision qui existe depuis des lustres : le journal de 23 heures.  Cette émission est difficile à faire comprendre à un étranger.  Elle consiste en une litanie de faits divers locaux qui n’intéresseraient souvent que les riverains du quartier concerné.  Des accidents routiers, des agressions criminelles à Brooklyn ou dans le Bronx (les agressions ayant été pourtant banalisées aux USA), une mère gorille du zoo de Central Park qui met au monde un bébé sont le genre d’évènement sur lequel nos chaînes de télévision classiques NBC, CBS et ABC aiment faire le point entre 23 h et 23 h 30.

Or, le preuve que l’actualité française ne passe pas tout à fait inaperçue chez les classes populaires new yorkaises se trouve dans le fait que le chef d’État français a été mentionné dans le journal de 23 h d’hier soir.  En l’occurrence, c’était (et on ne devrait peut-être pas s’en étonner) la rupture de François Hollande avec Valérie Trierweiler dont le journal a fait objet.

Naturellement, l’animateur du journal a écorché « Trierweiler ».

mercredi 15 janvier 2014

Nos deux civilisations

Soyons honnêtes : on ne compare deux choses que pour déterminer si l’une est mieux que l’autre, en dépit de toute déclaration d’impartialité faite au préalable.  Donc toute comparaison entre les USA et la France ne peut avoir pour but que de prouver que l’un ou l’autre pays est le meilleur.  J’ajouterais que surtout s’agissant des USA et la France, la seule raison qu’il puisse y avoir pour les comparer serait de démontrer que votre pays est plus civilisé, plus solidaire et moins arrogant, ou en revanche que le nôtre a plus de dynamisme, est plus accueillant et moins snob.

Que le débat se lance alors !

Dans un autre billet j’ai déjà fait état de la tendance chez les classes populaires américaines de mépriser la France et ce sans les moindres connaissances de la langue et culture françaises, tandis que les classes favorisées, à savoir les bobos, l’idéalisent ; ces dernières sont plus familières avec la cuisine et la langue, tout en restant ignorantes des conditions sur le terrain.  Le phénomène de la périurbinasation en France et ses séquelles sociologiques ne les intéressent guère, par exemple.

Les Américains regardent la France et n’y voient que ce qu’ils veulent voir.  C’est à vous de juger si l’inverse est vrai.

En ce qui concerne l’art de vivre la France est peut-être le plus grand pays qui ait jamais été.  Vous (comme les Italiens) donnez des leçons là-dessus au monde entier.  Ce n’est pas pour rien que la France est la première destination touristique au monde.  L'attention que l'on fait à la tenue vestimentaire, à la table, à la politesse et au respect de l’érudition est en outre bien moindre aux USA qu’en France.  Les USA n’offre rien, à première vue, qui puisse inciter des Français à s’y installer.

Toutefois, comme tout le monde sait, il existe une diaspora française et les USA en sont l’un des pays d’accueil les plus significatifs.  Ce n’est pas pour rien que ceux qui quittent l’Hexagone se dirigent vers les pays anglo-saxons (et bien sûr, le Québec).  Les opportunités, surtout pour les jeunes, font défaut en France.  L’économie qui marche l’emporte sur l’art de vivre.

L’explication matérialiste pour ce phénomène ne suffit pourtant pas.  Un sondage réalisé auprès des Français domiciliés aux USA démontrerait, j’en suis sûr, une appréciation de l’esprit d’ouverture de leur nouveau pays. Les restaurateurs, pâtissiers et cuisiniers français peuvent exercer leurs métiers ici sans avoir à négocier la paperasse française.  Leurs efforts sont par ailleurs très appréciés par la partie de la population américaine qui possède du discernement.

Mais l’Amérique n’accueille pas que les Français qui travaillent dans le secteur alimentaire.  Je connais une Française, en l’occurrence une artiste, qui ne songe jamais à retourner en France.  J’ai été très surpris d’apprendre que, selon elle, elle ne pouvait avancer dans son métier dans son pays de naissance (normalement, ce sont les artistes et écrivains américains qui refont leur vie en France pour s’épanouir).  Si cet exemple ne vous convainc pas, je me dois d'abord de dire que je déteste la finance autant que vous, mais force est de reconnaître que les Français qui veulent travailler dans ce secteur-là seraient bien avisés de déménager à New York.  Quoi que l’on en pense,  la finance reste un secteur qui marche, non seulement aux USA, mais globalement.  Je sais qu’il y a beaucoup de chemin à faire en ce qui concerne l’encadrement du secteur financier, mais le mépris des courtiers ne crée point d’emplois.

Les Américains qui habitent en France n’y sont pas pour lancer des entreprises.  Ils sont venus profiter de « la douce France », travailler chez une multinationale, étudier.  Ils achètent des résidences secondaires.  Ils font leurs courses dans les marchés publics, où ils bafouillent le français, mais arrivent à se faire comprendre.  Ils mènent une vie enviable - je rêve tous les jours des circonstances qui rendraient nécessaire un déménagement immédiat en France pour moi et ma famille.  Mais c’est très souvent l’exil facultatif dont il s’agit pour les expatriés américains.