mardi 24 septembre 2013

La France et les États-Unis : seuls contre tous sur le dossier syrien

Il est rare que la politique étrangère de la France s’aligne sur celle des États-Unis.  Aux USA votre pays est normalement considérée comme notre meilleur ennemi.  On pourrait évoquer la brouille de 2003 à la suite de notre invasion de l’Irak et la sortie de la France de l’OTAN en 1966 pour n’indiquer que quelques exemples bien connus du refus de la part de la France de se soumettre à l’Oncle Sam. Vous nous accusez d'avancer nos vulgaires ambitions géopolitiques, pour ne pas dire impériales, sous couvert d’assumer le rôle de gendarme pour le monde entier et seul défenseur de valeurs démocratiques.  Pour nous, la France est un allié dont on peut bien se passer, le pays qui nous a montré de la bienveillance à notre naissance et indépendance, fêté notre adolescence avec la Statue de la Liberté, mais, une fois que nous sommes devenus une puissance mondiale, ne pouvait plus nous supporter.

Nous sommes faits pour nous entendre, mais l’histoire des relations franco-américaines, surtout depuis 1945, est une histoire de malentendus, voire de mépris et de rejet.  C’est quand même curieux que sur le dossier syrien nous ayons fini par nous mettre tout à fait d’accord.

Il faut préciser que c’étaient plutôt nos présidents respectifs qui, dans notre grande tradition droit-de-l’hommiste, ont pris la décision d’intervenir militairement en Syrie pour sanctionner Bachar Al-Assad.  Ils n’ont consulté personne préalablement.  Ils n’avaient pas pris en compte la frilosité des législateurs, ni le manque d’esprit guerrier de la part des publics français et américain. Donc, on ne peut pas dire que les peuples des pays concernés donnent leur soutien à ce projet, bien au contraire.

Or, on a tiré sur Obama et Hollande à boulets rouges.  Des commentateurs de tous bords les ont calomniés et c’est Vladimir Poutine plutôt que tout le monde couvre d’éloges (même François Fillon lui fait la cour et Éric Zemmour salue la cohérence de sa politique étrangère). Il est incontestable que Poutine, ayant saboté l’action militaire franco-américaine au Conseil de sécurité, a ensuite tiré Obama et Hollande de l’embarras en donnant le feu vert au démantèlement de l’arsenal chimique syrien.  Il reste à savoir si ce projet va se poursuivre ou pas, mais pour l’instant, Obama et Hollande devraient être reconnaissants du geste que Poutine leur a fait. Car ils ont montrés leurs cartes et ont découvert aussitôt qu’ils n’avaient pas les gagnantes.  Une frappe militaire ne mettrait pas au pas le gouvernement syrien et serait certaine plutôt d’aggraver une situation au Moyen Orient déjà très tendue.  Politiquement, pour Obama et Hollande des pourparlers qui n'aboutissent à rien valent mieux à ce stade que des menaces d’intervention militaire ambiguës.

Il est pourtant impossible d’oublier que de tous les acteurs qui ont intérêt à ce que la crise syrienne soit résolue, Obama et Hollande ont été les seuls à agir par principe. S’agissant de la Syrie, ils ne se sont pas montrés les plus intelligents, mais ils se sont prouvés les moins cyniques.