jeudi 29 août 2013

L’immigration

S’il y a une identité nationale américaine, il est incontestable que l’immigration en est une partie essentielle.  Presque tous les résidents actuels des États-Unis sont les descendants des gens qui sont venus d’ailleurs ; une partie importante de la population américaine est même née à l’étranger.  L’exception, bien sûr, est le cas des Indiens - leur exclusion fut, comme l’esclavage, le péché originel notre pays ; nous sommes toujours en train de l’expier.  Mais le droit d’émigrer en Amérique pour s’y réinventer est l’une des idées fondatrices de notre république.  Pour nous, le fait que la question des Indiens ne soit pas résolue ne diminue pas du tout la puissance de l’idée que les USA sont le pays où l’immigré sans espoir peut s’installer et faire fortune.  La preuve en est les dizaines de milliers de gens de toutes parts qui cherchent la citoyenneté américaine chaque année, ou pour le moins le droit de résidence (dont une quantité non négligeable de Français).

La France a elle-même subi des vagues d’immigration, particulièrement depuis le tournant du siècle dernier et continuant, bien sûr, jusqu’à nos jours.  Je pense des parents et grands-parents d’Anne Hidalgo, Manuel Valls et Aurélie Filippetti entre 1920-1970 ; depuis 1970 on a, bien sûr, témoigné du phénomène de l’immigration maghrébine et africaine.  On pourrait toujours dire que, tout compte fait, de tous les pays d’Europe, la France reste le plus accueillant pour les étrangers ; la France peut aussi compter plus d’histoires de l’intégration réussie qu’elle ne croit.

L’immigration ne fait pas pour autant partie du mythe national (s’il y en a un) de la France.  S’il y a un un rêve français, je ne crois pas qu’il joue le même rôle clé dans votre culture nationale qu’aux USA. Certes, quelques Américains « de souche » s’inquiètent du caractère de plus en plus polyglotte de leur pays et la réforme des lois qui portent sur l’immigration et nationalisation occupe la classe politique.  Chez nous l’immigration n’est pas pour autant un défi existentiel, comme elle l’est en France et plus largement en Europe. Nous avons plein de ghettos, mais ils ne sont pas liés à une politique migratoire échouée.