Ça
va sans dire que The New York Times est le premier journal
anglophone au monde. Et Le Figaro et Le Monde
traduisent ses articles pour les mettre en ligne et même pour les
inclure dans leurs versions papier. C’est drôle tout de même
pour un New Yorkais de lire The New York Times dans un
supplément spécial du Monde !
Cela dit, tout le monde sait que l’internet a changé la donne pour le journal classique. Il y a quelques années le Times s’est vu obligé d’emprunter une somme importante au milliardaire mexicain Carlos Slim, tant l’internet avait rongé ses marges. Depuis lors le Times a su retrouver l’équilibre avec un nouveau régime d’abonnement en ligne qui a réussi à renflouer les caisses. Mais l’environnement reste incertain pour le journalisme. Récemment, le Times a dû offrir un parachute doré à quelques dizaines de reporters et éditeurs expérimentés, la preuve que s’il y a de la lumière au bout du tunnel, il faudra encore un petit effort pour l’atteindre.
Il reste à voir si la « Toile » (comme le Monde l’appelle), censée être la libératrice des connaissances humaines, finira par détruire les entreprises les mieux placées pour rapporter l’actualité et en faire l’analyse la plus réfléchie : les journaux.
Le
Monde, le journal français le plus réputé, bénéficie des
subventions qui n’existeraient qu'en rêve pour les
propriétaires des journaux américains. De toute façon,
l’avenir reste fort incertain pour la presse des deux côtés de
l’Atlantique. Le Times et Le Monde ont
de quoi s’inquiéter.
Moi
aussi, j’ai bien de quoi m’inquiéter, d’autant que je raffole
du journalisme et j’aurais du mal à m’en passer. Pour
l’instant, Le Monde est heureusement toujours en
vente chez une petite vingtaine de marchands de journaux new yorkais*
(dans d’autres articles j’ai fait part de ma préférence pour la
presse papier). J’ai donc eu l’occasion de comparer votre
journal de référence au nôtre.
Dans le domaine du journalisme de l’enquête, le Times est sans pair. Dans des articles parfois d’une longueur vraiment impressionnante, il a dévoilé les scandales qui ont marqué toute une génération, dont la série d’articles au début des années 70 sur les documents secrets sur l’intervention américaine au Vietnam, jusqu’alors cachés par la Pentagone (le Ministère de la Défense), des reportages sur des abus environnementaux et aux USA et à l’étranger, en passant plus récemment par une enquête sur les conditions de travail épouvantables dans les usines Foxconn (où sont fabriquées les iPhone et iPad).
Il me fait peine pourtant d'admettre que le niveau intellectuel du New York Times n'est pas toujours à la hauteur de celui du Monde. Que l’on soit d’accord avec la ligne idéologique du Monde ou pas, j'estime qu'il demande plus au lecteur que le Times. Je ne souhaite pas sembler trop exigeant moi-même, mais je trouve que le supplément dans le Times qui paraît le dimanche - « Idées et débats » en serait la traduction approximative en français - laisse à désirer. Je préfère l’édition du Monde du week-end, dont les suppléments sur les sciences, les arts et les idées sont beaucoup plus satisfaisants.**
* Bien sûr, depuis la grève chez Presstalis, la distribution du Monde est pour l’heure coupée à New York comme elle l'est en France. Espérons que cette énième grève dans la distribution de la presse écrite ne sonne pas le glas pour le journal classique.
**
Le Monde n’est pas le seul journal de qualité français,
loin s’en faut. La majorité des lecteurs de ce blog l’auront
découvert sur lefigaro.fr, un journal auquel je suis fièrement
abonné. Le Figaro n’est plus distribué à New York,
malheureusement.