samedi 9 juin 2012

L'Art de conjuguer



Dans la vidéo ci-jointe je partage un livre qui m’est cher au cœur.  Cet exemplaire de « L’Art de conjuguer » se vendait à vil prix chez un marchand de livres d’occasion du coin.  Personne n’en voulait, je crois, parce que le livre était en bon état mais vieux (c’était l’édition de 1959).  Qui aurait besoin d’un bouquin poussiéreux dont le contenu est disponible en ligne ? J’ai pu l’acheter pour seulement trois dollars.

Vous pourriez dire que cet achat n’a rien de remarquable, que ce n’est pas la peine de le partager sur ce site.  Je vous répondrais pourtant que ce livre est quand même un véritable trésor de la langue, voire de la civilisation française.  Paru en pleine guerre d’Algérie, un an après la naissance douloureuse de la 5e République, cette 40e édition du Nouveau Bescherelle témoigne de la grande culture qui est la vôtre.  Regardons le titre de plus près. Conjuguer n’est pas du tout un art.  La maîtrise des verbes en français est le résultat de la mémorisation, la créativité n’y joue aucun rôle.  Mais Louis-Nicolas Bescherelle aurait pensé autrement pendant le XIXe siècle.  Croyait-il en la supériorité de la civilisation française, comme tant de ses contemporains ? Qu’est-ce qui expliquerait alors le titre « mégalo » de son ouvrage ?  Je ne sais pas si toutes les civilisations se valent ou se valent pas (je ne suis pas comme Claude Guéant) , mais je suis certain que L’Art de conjuguer est un grand livre, le produit d’une confiance qui aujourd’hui nous semblerait outrancière, mais qui au XIXe siècle était normale.