vendredi 27 avril 2012

Le bon homme et le mauvais homme



D’un côté, vous avez un homme qui pendant cinq ans vous a frustrés, qui vous a agacés, au point que la majorité d’entre vous n’en veut plus.  De l’autre vous en avez un qui est moins expérimenté, mais qui, jusqu’à présent vous a semblé beaucoup plus sympathique, plus rassembleur.  Des compétences de ce dernier vous n’en savez pas grand-chose, d’autant qu’il manque d’expérience ministérielle, mais peu importe, c’est bien lui que vous avez l’intention d’élire le 6 mai.

Et pourtant...

Le mauvais homme est celui que, tout compte fait, à mon avis possède les meilleures idées, tandis que c’est l’homme aimable qui propose les idées les plus ringardes, voire risibles.  S’agissant de l’homme détesté, vous me feriez remarquer le décalage entre ce qu’il a dit et ce qu’il a fait, les divisions qu’il a suscitées, son psychodrame personnel et j’en passe et des meilleurs.  Vous n’auriez pas tort, mais la logique s'impose.  Un bon homme avec des mauvaises idées et un homme détestable avec des idées qui ont du bon sens (à mon avis), lequel produirait les meilleurs résultats ?

Je peux bien imaginer votre réponse.  Les « bonnes » idées dont je parle ont été plutôt clivantes ; le mauvais homme a sanctionné la partie de la population la plus vulnérable ; il a stigmatisé les immigrés.  Le même homme qui aujourd’hui s’en prend aux Français qui mettent leurs fortunes à l’abri du fisc a créé des niches fiscales en début de son mandat.  C’est de l’hypocrisie pure.  Soit.  Je vous répondrais que le mauvais homme a aussi proposé de protéger le modèle social français en faisant les décisions difficiles qui assureraient sa survie.  Il a proposé de régler l’immigration, il n’a pas envie de s’en débarrasser.  Il se rend compte que la sécurité reste préoccupante, tout en travaillant en partenariat avec l’Allemagne pour sauver la zone euro puisqu’il sait qu’il n’y a pas d’autre manière de sorter de la crise.  Une crise qui a changé la donne.

Le bon homme propose d’augmenter les impôts et de créer encore des postes à la fonction publique.  Je ne suis pas bien placé, moi, pour juger de ce dont la France a vraiment besoin.  Je suis pourtant assez sûr que le pays qui dispose de plus de fonctionnaires que n’importe quel autre pays européen peut bien s’en passer.  Le bon homme, fera-t-il en sorte que la France devienne plus compétitive ?  J’ai du mal à m’en convaincre.  Sur le plan sécuritaire, le bon homme, fera-t-il mieux que le mauvais homme ?  Il y a des raisons pour soupçonner que la délinquance et le laxisme judiciaire ne s’amélioreraient pas sous la houlette de l’homme aimable qui prétend à l’Elysée.

Parmi les électeurs qui ont voté le président-sortant le 22 avril il y en a très peu qui ont été motivés par le sentiment, j’en suis conscient.  Cependant, je suis arrivé à la conclusion qu’ils ont fait le meilleur choix (ou le moins mauvais, comme vous voulez).

Néanmoins, quand je dis que j’espère que toutes mes peurs et inquiétudes vis-à-vis du candidat favori sont mal fondées, croyez-moi. Si le bon homme se fait élire et son mandat est un succès, j'admettrai vouluntiers que j'avais eu tort de le critiquer.  La France n’a pas droit à l’erreur, alors que moi, si, j’y ai droit.  En fait j’espère avoir tort.

dimanche 22 avril 2012

Livres et blogs, première partie

Contrairement à certaines idées reçues, les Américains s’intéressent à ce qui se passe en dehors de leur pays.  C’est mon intention, éventuellement, de parler de plusieurs livres et blogs américains qui ont pour sujet la France et les Français.  Tous démontrent définitivement que votre pays nous est cher au cœur.  Aujourd’hui je vous présente la première partie de la série.
Dans son livre récent titré Bringing Up Bébé, Pamela Druckerman (une Américaine qui réside à Paris depuis plusieurs années) nous relate ses expériences de mère.  Ancienne journaliste chez le Wall Street Journal, Pamela Druckerman s’éprend de l’éducation des enfants à la française, déclarant que dans votre beau pays on a trouvé la bonne méthode pour bien élever les enfants.  Selon elle, tous les petits français ont toujours un comportement impeccable.  En revanche, les garnements américains, dont les siens, ne cessent de chouiner et font comme ils veulent. Leçon : la culture bourgeoise française impose la loi aux enfants, au point que ces derniers n’oseraient pas répondre à leurs parents, alors que la permissivité anglo-saxonne ne fait que provoquer l’irrespect et le conflit à domicile.

Au cours du temps, les méthodes parentales que Pamela Druckerman apprend auprès de ses amis parisiens lui permet finalement de maîtriser ses propres rejetons. Ces derniers se transforment en bons petits citoyens
de la République ; ils n’oseraient plus répondre à leur maman, ni de refuser de manger ce qu’il y a sur la table.  Américains : faites attention !

Sa thèse est simpliste, mais l’auteur n’a pas tout à fait tort, surtout en ce qui concerne les modes de vie alimentaires anglo-saxonnes, lesquelles sont et pour moi et pour l’auteur du livre une source continuelle de honte.  Il ne devrait étonner personne que les enfants qui ont le droit de manger n’importe quoi quand bon leur semble (en l’occurrence, les enfants américains) aient aussi de la difficulté à maîtriser leurs pulsions.  Et à juste titre elle chante les louanges de votre système d’allocations familiales, qui permet aux mères de retourner plus aisément au travail qu’aux États-Unis, où il faudrait embaucher une nourrice qui n’a pas forcément été agréée, où mettre son enfant à une crèche privée qui souvent coûte très cher.

Cependant, ce livre souffre du défaut de presque tous les livres sur la France écrits par des Américains.  C’est-à-dire que pour nous, la France n’est que la douce France, pays des bons vins.  L’auteur de
« Bringing Up Bébé » ne sort jamais de son milieu boboïsé parisien.  Pamela Druckerman et ses amis ne sont pas touchés par la délocalisation, la précarité économique en général, le divorce et tous les autres maux qui affligent la France qui « se lève tôt ».  Elle aurait mieux fait de sortir de la région parisienne pour voir des mortels qui vivent plus de difficultés avec leurs enfants.

mercredi 11 avril 2012

La joie d’être américain



J’ai de la chance d’être américain et la raison en est bien simple : ici le choix d’un candidat aux présidentielles sera bien facile.

D’un côté nous avons Obama, qui, n’en déplaise à ses détracteurs, a fait aussi bien que les circonstances actuelles le lui ont permis, compte tenu que les républicains s’acharnent sur tout ce qu’il propose.  De l’autre côté, les imbéciles qui s’opposent à lui ne croient pas au réchauffement climatique et doutent des bases scientifiques de l’évolution.  Les connaissances des langues étrangères devraient être un atout.  Cependant, chez les républicains elles font preuve d’un manque de patriotisme. Bref, j’ai choisi il y a longtemps de voter pour Obama.

J’avais toujours pensé qu’être citoyen français avec de l’emploi à temps plein aurait été le comble du bonheur.  Ou retraité avant la réforme des retraites, voyageant partout en camping-car.  Maintenant, j’ai changé d’avis (partiellement).  Car l’enfer, c’est d'avoir à choisir entre vos 10 candidats aux présidentielles.

Quand François Hollande a proposé de créer 60 000 postes dans l’enseignement, j’ai penché pour lui sur-le-champ.  Je suis enseignant, et qui ne voudrait pas davantage d’emplois dans le secteur où l’on
travaille soi-même ? Il propose de plafonner le prix de l’essence.  En tant qu’Américain je m’en réjouis. Cependant, FH a d’autres idées.  Il veut imposer les riches à 75 %.  Même en Europe, un tel impôt serait confiscatoire.  Il veut créer un contrat de génération.  Le marché du travail en France n’est pas déjà suffisamment rigide ? Capitaine de pédalo ?  M. Mélenchon est bien méchant.  Mais si le changement, c’est maintenant, dès maintenant je le cherche ailleurs.

À la différence de la grande majorité des Français, j’aime le président-sortant au niveau personnel. Mais personne ne peut démentir l’écart entre ce qu’il a dit et ce qu’il a fait. Son dynamisme est indéniable. Son imagination aussi. « Le pouvoir d’achat a augmenté de 1,4 % chaque année (pendant son quinquennat) »,     « Le problème des multirécidivistes, je le réglerai en été 2007 », « Le premier sujet de préoccupation
des Français, c’est la viande halal » et j’en passe.

Quant au candidat-sortant permettez-moi de rester indécis.

Quand je lis les faits divers et apprends que les vieilles dames se font agresser et se font traiter de sales Françaises dans les cours de leurs immeubles, ma colère monte à tel point qu’une pensée me vient à l’esprit : voter Marine LePen.  Puis je m’interroge sur les solutions qu’elle apporte aux problèmes économiques et sécuritaires de la France, et je commence à faire une liste d’adjectifs qualitatifs : irréalistes, fantaisistes,  nuisibles, outrancières.  En considérant la candidature de MLP, au moins j’améliore mon français.

Peut-être qu’il suffira que je m’arrête ici, dans l’espoir que vous compreniez ma thèse.  Autrement il faudrait énumérer les qualités et défauts d’encore sept candidats.  Je n’ai pas envie d’abuser de votre patience. 

Je termine en souhaitant que cette fois vous ne m’en veuillez pas d’être américain.