mardi 8 novembre 2011

Si j’étais français...

Je suis sympathisant du centre-gauche.

Et pourquoi le centre-gauche ?  Je suis conservateur en ce qui concerne les institutions publiques et gouvernementales : l’école, le service policier et judiciaire.  Je suis même très conservateur en matière de culture : l’alimentation, l’usage correct de la langue anglaise, la politesse.  Du coup on pourrait bien s’attendre à ce que je sois inscrit dans le Parti républicain, car c’est la droite qui se vante de défendre tout ce qui représente les valeurs traditionnelles du pays. 

Cependant, les propos outranciers de la droite ont rendu impensable mon adhésion au Parti républicaine.  Je me réfère à leur refus de croire au réchauffement climatique, leurs idées économiques injustes ou insensées (par exemple, la baisse d’impôts, à elle seule, pourra créer de l’emploi), leur positionnement politique comme défendeurs du peuple tout en se servant des lobbys puissants pour faire imposer un programme qui, lui, nuit (à mon avis) aux intérêts des Américains moyens (l’hostilité des Républicains envers les syndicats est frappante et depuis que le PR est à la majorité dans les gouvernements de quelques-uns de nos états, il n’a cessé de contester les droits syndicaux des fonctionnaires, instituteurs, etc.)

Mais si j’étais français, je serais plutôt sympathisant du centre-droit.

Comme j’aimerais bien déclarer de tout mon cœur ma loyauté éternelle pour la gauche française ! Mais c’est mon cœur qui m’en empêche.  Le président sortant a échoué de faire réduire la délinquance des mineurs, par exemple.  Mais au moins il a tenté de le faire.  Et la gauche, ferait-elle face au problème des zones de non-droit d’une manière décisive ?

Je ne veux pas dire que les forces de l’ordre ne devraient se servir que des canons à eau pour supprimer les émeutes.  Il faudrait plutôt un programme qui, au fil des ans, s’attaque aux racines de la criminalité de tous les côtés, qui par ailleurs emploie tantôt de la fermeté, tantôt des mesures éducatives. Autrement dit, je conseillerais une attitude droitiste envers la criminalité, mais en même temps je tirerais en quelque sorte mon chapeau à la gauche sachant que les seules mesures dures ne suffiront jamais à résoudre le problème.  Je reconnais que la gauche, elle, a de bonnes idées à contribuer et j’en prendrais librement si j’étais ministre de l’intérieur  ( ! ). Cependant, il convient de souligner que ce serait un élu du centre-droit qui emprunte des  idées à la gauche qui y réussirait et pas l’inverse.


Je passe maintenant à un autre sujet fâcheux, l’immigration.  Je ne me crois pas être forcément mieux placé pour y revenir, en tant qu’Américain.  Cependant, je crois pouvoir offrir une autre perspective du fait que l’immigration fait partie de notre identité nationale.  Je sais que l’identité nationale, elle, a produit encore un clivage droite-gauche chez vous. Le FN en a quasiment fait la base de leur programme, donc il y a de quoi s’en méfier.  Pourrions-nous tout de même convenir de quelques faits ? Le premier : il y a une culture française qui est en passe de perdre ses traits marquants face à la vague mondialisatrice qui cherche à effacer les coutumes et pratiques anciennes de la planète ; le second : il y a aussi une identité française qui comprend et la culture linguistique, alimentaire, etc. de la « France profonde » et les contributions des peuples des anciennes colonies.

Cela étant, aucune nation ne peut supporter le communautarisme à long terme.  Deux systèmes de valeurs ne peuvent exister côté à côté sans que le conflit en soit provoqué.  La France et les États-Unis ont tous les deux réussi à assimiler des étrangers pendant des siècles. Mais j’estime que le pays qui les accueillent a absolument le droit de leur demander de s’intégrer.  Cela ne veut pas dire que les immigrés doivent arracher leurs racines, loin s’en faut.  Et le droit de pratiquer leur religion est absolu.  Cependant, le respect aux lois du pays doit, lui aussi, être absolu.

Pour être juste, l’immigration devrait s’effectuer selon des règles.  Je crois que la réglementation de l’immigration apporte des bénéfices à tous les acteurs concernés.  Plus le nombre d’immigrés est conforme aux besoins du marché du travail du pays, plus et le pays et les immigrés eux-mêmes en bénéficient.  L’ouverture des frontières européennes depuis les années 90 a créé des opportunités, mais elle a aussi entraîné des ennuis.  Un retour au système douanier qui régnait avant 1989 n’est plus souhaitable économiquement, toutefois les réseaux de cambrioleurs de provenance étrangère qui se sont établis en France ces dernières années ne le sont pas non plus.


La gauche française a des idées attirantes.  Mais je trouve qu’elle préfère être floue plutôt que de s’affronter à certains défis tels l’échec scolaire, la criminalité, etc. Le feuilleton du quinquennat du président sortant n’a pas rapporté de la gloire à la république française.  On aurait été content que M. Sarkozy eût choisi de réaliser une poignée de bonnes idées au lieu d’en rater des dizaines par maladresse et faute de patience.  Cela dit, la voie offerte par un programme qui prend les meilleurs propos de la droite, tout en gardant le respect aux bonnes idées de la gauche, me semble la mieux placée pour résoudre les difficultés de la société française contemporaine.